Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Caché dans la maison des fous, Didier Daenincks, Éditions Bruno Doucey

Jan 3, 2016 #Bruno Doucey

Le récit d’un passage à l’Insee ? Non mais ça aurait pu. Nous sommes en 1943 et Denise se réfugie à 23 ans dans un asile de Saint-Alban-sur-Limagnole en Margeride (Lozère). Elle est juive, résistante et trouve ainsi un moyen d’échapper à la Milice et aux Allemands. Elle n’est pas seule puisque s’y cachent au même moment Eugène et sa femme Marie. Eugène est en fait Paul Éluard dont le poème Liberté, j’écris ton nom est alors parachuté en plus des armes par les Anglais pour soutenir le moral des maquisards. Les deux psychiatres, qui dirigent l’établissement, profitent de l’éloignement du lieu pour mettre en pratique leur conception de la médecine. En ces temps où l’on manque de tout, ils prêtent attention aux malades qui leur rendent bien, car ils participent avec leurs moyens au bon fonctionnement de la petite communauté. Certains cultivent d’autres travaillent le bois. Alors que la guerre sert de prétexte à Vichy pour décimer les aliénés, l’asile de Saint-Alban parvient tant bien que mal à les sauver. Denise survivra elle aussi puisqu’elle deviendra dans les années soixante la productrice de l’émission Discorama. Didier Daeninks s’est fait connaître par un de ses premiers romans Meurtres pour mémoire où il racontait comment les policiers français avaient balancé à la Seine des manifestants algériens en octobre 1961. Alors que ses livres sont le plus souvent noirs, il livre ici une description pleine d’espoir d’une période pourtant tragique.

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