Pas facile de rentrer chez soi quand on a survécu à la guerre du Vietnam. C’est ce que se dit Jim Lamar, soldat démobilisé et oh combien chanceux d’avoir survécu à ce carnage dont il a été un des nombreux acteurs involontaires. Plutôt que de retrouver sa famille à Stanford, il se fait oublier. Stanford, petit bourg anonyme au fin fond du Missouri, sur les berges du Missisipi. Peuplé de bouseux. Sans nouvelles, son père finira par mourir puis sa mère. Les habitants du village se chargent alors de vider la maison. Tout y passe, même la cuisinière en fonte qu’il faut déménager à plusieurs en se cassant le dos. Mais en 1981, Jim finit par revenir histoire de retrouver ses racines. Cela lui vaut l’intervention du représentant de la police locale, le Chef Butler, qui doit en convenir : l’occupant de la maison est légitime, puisqu’il est chez lui. Jim vit en marge du village et seul le jeune Billy parvient à le côtoyer. Trop content d’échapper aux travaux de la ferme. Trop heureux de se soustraire à l’autorité paternelle et de s’ouvrir à de nouveaux horizons. Dans son premier livre, Lionel Salaün nous conte l’histoire d’une amitié sur fond de nature, de parties de pêche, de chaleurs qui écrasent tout. L’histoire aussi d’une violence refoulée : celle des massacres sur les bords du Mékong commis au nom de l’Amérique mais que ses habitants ne veulent plus assumer.