L’humanitaire. Le don de soi, la générosité, l’altruisme, la gratuité. Oubliez tout. Vous êtes à côté de la plaque. Du moins si vous en croyez ce que nous raconte Jean-Christophe Rufin dans Check-point son dernier roman. Or Rufin en connaît un rayon sur le sujet. Pionnier de Médecins sans frontières, il a aussi été en poste au Kosovo et a conduit une mission humanitaire en Bosnie-Herzégovine pendant la guerre de Yougoslavie. Comme toujours chez lui, son expérience se retrouve dans ses romans. Ici Maud voyage dans un camion de l’association caritative lyonnaise « Tête d’or » en partance pour Kakanj en Bosnie centrale. Dans la chaude promiscuité des deux véhicules qui composent le convoi, elle côtoie une drôle de faune. Dans le premier camion, Lionel le chef de mission peine à imposer son autorité. Notamment sur Vauthier le plus âgé. Pas vraiment un obsédé de l’hygiène, Vauthier est porté sur la bouteille. Il est aussi un peu épais, mais il ne faut pas le chercher. Alex et Marc conduisent le deuxième camion. On ne sait pas pourquoi ces deux anciens militaires ont choisi de revenir en Bosnie. Là où ils ont servi comme Casques bleus l’année précédente. Officiellement pour convoyer des vêtements. Mais allez savoir ce qu’il y a réellement dans les cartons. La cohabitation n’est pas toujours facile au sein de la petite équipe. Passe encore de manger tous les soirs du cassoulet en boîte passé sur un réchaud. On s’adapte aussi au froid des Balkans. Mais trop de mâles autour d’une seule femme génère des tensions même si Maud semble prendre plaisir à s’enlaidir. Et puis arrive la Krajina, cette république serbe autoproclamée de Croatie avec le premier point de contrôle. L’histoire ne peut pas finir bien dans ces montagnes où Serbes, Croates et Musulmans ont appris à s’entretuer. La micro-société humanitaire ne va pas y résister. Mais que cela ne vous empêche pas de donner la prochaine fois que l’on vous sollicitera.