Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Le sourire étrusque, José Luis Sampedro, Éditions Métailié

Juil 3, 2019 #Métailié

Salvadore Rancone, vieux paysan calabrais, vient à Milan avec son fils pour faire soigner un cancer. Lui qui n’a jamais quitté ses montagnes, déteste cette ville où le brouillard est gris, les fruits sans goût, le pain infâme et où rien ne lui rappelle son village. Mais la découverte de son petit-fils Bruno, Brunettino, va peu à peu l’attacher à ce lieu. Pourtant l’ancien partisan qui a vaincu fascistes et gestapistes du côté de Cosenza, l’homme superbe qui s’est fait tout seul car il n’a jamais connu son père, le conquérant qui dévorait les femmes, ne s’est jamais intéressé aux enfants. Mais il va peu à peu découvrir les joies de la transmission au profit de ce bébé de 13 mois à qui il décide d’apprendre la vie en lui racontant la sienne. Il ne dispose pour cela que d’un temps limité. Celui que lui laissera sa maladie qui lui grignote le ventre. Il l’appelle sa Rusca du nom d’un de ses furets au village qui n’avait pas son pareil pour dévorer les lapins. Outre le désir d’apprendre la vraie vie à son petit-fils, Salavadore tire aussi sa motivation de la maladie de son ennemi le fasciste Cantanotte. Lui aussi se meurt au village et il n’est pas question de lui laisser le plaisir de parader à son enterrement. Alors Salvatore s’accroche. Malgré sa bru Andrea qui le méprise parce qu’il n’a pas fait d’études, parce qu’il vient du Sud. Malgré le confinement de l’appartement, malgré les interdits. Il installe sa vieille couverture calabraise qui sent le mouton au pied du lit de Brunettino pour le surveiller la nuit, alors que les théories pédiatriques en vogue expliquent que les enfants doivent dormir séparés des parents. Il cache l’âpre vin rouge qui lui fait du bien le matin avec son pain et ses oignons. Et puis Salvatore rencontre Hortensia, une femme du Sud comme lui et en tombe amoureux. Il s’échappe pour la retrouver et s’étonne même de prendre plaisir à partager son lit sans la toucher. En perdant peu à peu ses forces, Salvatore s’imagine revenir au village en compagnie de Brunettino avec qui il partage beaucoup plus qu’il ne l’a jamais fait avec son fils. Un livre qui déborde de tendresse.

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