Si par le plus grand des hasards vous aviez envie d’aller au troquet, de préférence dans un établissement qui ferait à manger. Si vous rêviez en plus de voyager par exemple en Italie. Alors ce petit livre serait fait pour vous. Car il va vous faire redécouvrir la vraie vie faite de cafés pris en terrasse, de plats mijotés que l’on vous amène à table, et de paysages marins qui vous rempliront de bonheur. Il donne pour cela en alternance la parole à deux femmes. Maria qui tient un café-restaurant à proximité d’Amalfi en Campanie, et Sofia une jeune femme cliente de Maria de retour de Paris suite à une peine de cœur. Maria c’est la patronne du village depuis quarante ans. Quarante années qu’elle accueille les sept cents habitants, soit autant d’enfants qu’elle revendique. D’où le nom de son établissement : Mamma Maria. On y croise toutes les générations dès le matin. Les écoliers qui viennent chercher un cornetto pour le glisser dans leur de sac, ceux qui prennent le petit-déjeuner, et les petits vieux qui s’installent pour tuer le temps en jouant à la scopa. Maria adore la parmigiana, ce plat à base d’aubergines, de parmesan, d’huile d’olive, beaucoup d’huile d’olive, qui lui a donné son derrière de compétition et des soutifs cotés G. Dans un terrain sismique comme l’Italie, mieux vaut être bien enracinée. Sofia s’appelle ainsi parce qu’elle s’est pointée un jour où sa mère regardait un film de Sophia Loren à la télé. Mais dans la vie de tous les jours Sofia c’est nenné, petite en napolitain. Le bon ordonnancement de cette société va être perturbé par l’arrivée d’une migrante libyenne. Souma s’est réfugiée, avec son fils de deux ans plus un autre enfant en préparation, dans le poulailler d’un vieux monsieur. Franco a 82 ans, toute sa tête, un cœur gros comme ça, et il ne parle que napolitain. Pas un dialecte, une vraie langue qui se débite à la vitesse de l’éclair, avec les mains en guise de traduction. Bien que l’extrême droite ait fait tomber quelques barrières aux dernières élections, Franco va cacher Souma avec l’aide de Sofia.
C’est un univers culinaire qui vous fait saliver
Il n’y a pas de sous-littérature. Il y a celle qui vous touche et puis les autres. Il faudrait avoir une simple pompe à la place du cœur pour ne pas se délecter de Mamma Maria. De ses élans de générosité. De la tradition napolitaine du café suspendu, ce café que l’on paye au bar pour qui voudra venir le boire. De ce village où les gens se parlent. De ces personnages plus vrais que nature. De ces petits vieux qui se lancent à l’aventure en partant à plus de 80 balais visiter Paris avec leurs sabots en bois. D’un vieux monsieur qui reprend goût à la vie. D’une femme de soixante-cinq ans qui ne peut s’éloigner de chez elle sans emmener deux litres de coulis de tomate. Mamma Maria ce sont des femmes qui animent un village et qui comprennent enfin qu’elles doivent prendre du temps pour elles. C‘est une série de cartes postales écrites par Sofia à son ancien fiancé, décrivant les plus beaux coins de la côte amalfienne. Ravello, Atrani, Furore et quelques autres. On compte sur vous pour ne pas les divulguer. Mamma Maria c’est un univers culinaire qui vous fait saliver. Le ragù, cette sauce à la viande longuement mijotée qui appelle les pâtes, et que Maria se doit de cuisiner chaque jour pour se sentir bien. Ce sont des spaghetti sciué sciué, vite faits mais pas bâclés, avec une sauce préparée pendant la cuisson des pâtes, magnifiée par quelques feuilles de basilic. Ce sont des Italiens qui se demandent si les Français n’ont pas assez d’assiettes pour servir de la viande avec des pâtes. Ce sont des scialatielli vongole e rucola, des tagliatelles courtes aux coques et à la roquette. C’est le meilleur granité au citron du monde. C’est la grandeur d’un amer à l’apéritif. C’est l’invention de l’Amalfitano, ce cocktail fait de limoncello, de prosecco, de glaçons, d’eau gazeuse et de basilic, qui remplace avantageusement le spritz venu du nord. Petit livre, grand plaisir.