Fred est un branleur. À quarante ans, il passe ses journées sur son canapé se contentant du minimum. Et le minimum, il le choure au Monoprix puis le place dans la doublure découpée de son manteau. Un manière comme une autre de se procurer sa tomme des Pyrénées et son onglet de bœuf. Car tout branleur qu’il est, Fred n’est pas du genre à se laisser dépérir. Il a sa fierté. Surtout côté boisson, vu qu’il a plutôt le gosier en pente et une réelle attirance pour le côtes-du-rhône. Encore qu’il soit ouvert à d’autres opportunités, ne dédaignant pas le calva. Mais voilà, Fred doit désormais s’y filer vu que ses allocations chômage vont cesser de tomber. Ce n’est pas qu’il ait peur du taf mais il n’y arrive pas. Il a essayé pas mal de métiers, plongeur dans un restaurant, sa plus belle réussite. Crêpier, sylviculteur, imprimeur, livreur de chorbas, peintre en bâtiment. Mais sans succès. Côté femmes, une quasi-bérézina. Une initiation foirée, l’amour de sa vie qui l’a quitté au point qu’il ne connaît plus d’émois qu’en regardant Sophie Davant à la téloche. Alors il s’y met et retourne travailler à la plonge avant de trouver plus lucratif en découvrant que la pulpeuse Marlène fait le tapin non loin de son lieu de travail. Parce qu’il a des principes, il lui propose de lui arranger le coup en mettant à sa disposition sa camionnette. Ça sera quand même mieux que de faire ça sous une porte cochère. Comme Marlène travaille avec Cerise, Fred entrevoit de ramasser deux fois 40 % des passes en échange de sa protection. Au début tout baigne. Il faut dire que Marlène est une honnête femme qui ne cherche qu’à créer les meilleures conditions pour ses enfants qu’elle élève seule. Que la jeune Cerise, 20 ans, est une chouette fille, même si elle force un peu sur la farine. Et que Fred ne manque pas d’élégance au point de remettre les payes dans des enveloppes. Sauf que même muni de sa gazeuse, Fred n’en même pas large quand il retrouve son camion incendié. Il prend peur quand M. Zyed lui signifie qu’il ne se laissera pas doubler dans ses affaires. Sortir dans la rue avec une poêle à frire sous son tee-shirt en guise de gilet pare-balles ne le rassure pas vraiment. Alors Fred décide de se mettre au vert en Andalousie. Mais quand on est né looser…