Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Le pays que j’aime, Caterina Bonvicini, éditions Gallimard

Juin 2, 2018 #Gallimard

Quarante ans de vie de l’Italie. C’est ce que vous propose Caterina Bonvicini pour vous montrer s’il en était besoin, combien ce pays est attirant, fascinant et souvent horripilant. Quarante années qui vous transportent de 1975 à 2013 de Bologne à Rome. Vous vous taperez au passage quelques plats de pâtes à l’ail, aux vongole ou plus simplement à la Bologaise ou encore un risotto. Avec un verre de blanc puisé au tonneau ou plus chic précédé d’un spritz. Peu importe, le choix est vaste dans ce qui fait que nous aussi on aime l’Italie, un pays qui donne faim. La période n’est pourtant pas la plus belle de l’histoire de la Péninsule car elle commence avec les années de plomb, quand la lutte armée faisait des morts à coups d’explosions dans les gares ou au milieu des manifestations. Et elle se termine avec les années fric, celles de Berlusconi. Valerio et Olivia la traversent, ne cessant de se perdre, de se retrouver, de s’oublier avant de tout recommencer. Olivia est l’héritière d’une riche famille d’entrepreneurs bolognais du bâtiment. La tribu est gouvernée par son grand-père Gianni et sa grand-mère Manon. Comme beaucoup de familles riches, les Morganti craignent les « communistes ». Non pas ceux du PCI mais les Brigades rouges qui multipliaient les enlèvements pour en tirer une rançon. Ce qui justifiait aux yeux de Gianni le Beretta qu’il transportait dans la Ritmo blindée qu’il conduisait lui-même pour amener Olivia et Valerio à l’école. Valerio n’était pourtant que le fils de son jardinier. Mais il s’entendait si bien avec Olivia qu’il aurait été dommage de les séparer. Ce sont donc les Morganti qui prirent sur eux de lui payer l’école privée, tellement plus recommandable pour la petite-fille. Ou de l’emmener en vacances en Toscane ou encore sur les pentes neigeuses des Dolomites. Gianni n’avait pas complètement tort car il finit par mourir de mort violente. Non pas des mains de l’extrême gauche, mais de celles d’un concurrent. Les Morganti ne s’en remettent pas. Non seulement le père d’Olivia est loin d’avoir le talent professionnel du grand-père, mais en plus se profile l’opération Mani pulite quand les juges italiens tentent de mettre fin à la corruption qui gangrenait le pays. Valerio part à Rome avec sa mère qui vient de plaquer son père pour son amant. Ils vivent dans des appartements squattés que le compagnon et futur mari de sa mère tente d’améliorer en travaillant pour la mafia. Le changement est important car aux fastes bolognais a succédé le monde de la débrouille où l’on rase la tête de tous les enfants, garçons ou filles, parce qu’on a détecté des poux. Mais Valerio est heureux de grandir dans cette Rome populaire. D’autant plus qu’il a désormais une sœur. Il retrouve Olivia quand elle fête ses 18 ans. Ils deviennent amants. Valerio qui a entamé des études de droit la rejoint à Bologne quand elle part à Paris. Ils se retrouvent plusieurs années après. Olivia s’est mariée comme Valerio qui a trouvé là un moyen de monter dans l’échelle sociale. L’attirance n’est toutefois jamais rompue dans ce roman doux-amer hautement recommandable.

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