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Le blog de Laurent Bisault

L’ordre du jour, Ėric Vuillard, Éditions Actes Sud

Juin 5, 2018 #Actes Sud

Ce prix Goncourt 2017 est le livre de tous les renoncements, de toutes les lâchetés, de toutes les compromissions qui amenèrent Hitler au pouvoir. Il débute par une réunion qui se tient le 20 février 1933 en présence de Göring alors président du Parlement allemand et d’Adolf Hitler. Il s’adresse à 24 des plus grands industriels et financiers du pays. Rien que des pointures dont les groupes sont presque tous encore en activité aujourd’hui : Krupp, Opel, Siemens, Accumulatoren-Fabrik AG la future Varta, BASF ou Bayer. Hitler leur explique qu’il faut en finir avec l’instabilité et les communistes et permettre « à chaque patron d’être un Führer dans son entreprise ». Mais pour cela il faut que le parti nazi remporte les élections à venir. Or cela a un coût. Ils passent tous à la caisse. De tous les intervenants présentés dans le livre, ces représentants du pouvoir économique sont sans doute ceux qui se sont le moins compromis avec le nazisme. Ils ont en réalité investi au profit de leur entreprise gagnant au passage des marchés et le droit de faire travailler jusque la mort bon nombre de déportés. L’histoire ne leur en tiendra pas trop rigueur car le tribunal de Nuremberg n’infligera que douze années de prison à Alfred Krupp. Les dirigeants politiques européens n’ont pas fait mieux. Lord Halifax secrétaire au Foreign Office ne trouve pas illégitimes les prétentions allemandes sur l’Autriche et une partie de la Tchécoslovaquie pour peu que tout cela se déroule dans la paix et la concertation. Un sympathique personnage qui écrit après son entrevue avec Hitler que « le nationalisme et le racisme sont des forces puissantes, mais que je ne les considère ni contre nature ni immorales ». Pas mieux avec Kurt Schuschnigg le chancelier autrichien qui se rend le 12 février 1938 à Berchtesgaden à la convocation d’Hitler. Il s’agit pour le pouvoir nazi de faire entrer au gouvernement autrichien plusieurs de leurs affidés ainsi que d’obtenir l’amnistie de tous les nazis du pays. Proposition acceptée par Schuschnigg qui craignait avant toute chose de ne pouvoir repartir chez lui. Cela n’empêche en rien L’Anschluss, c’est-à-dire l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne même si l’envahissement du 12 mars 1938 se passa plus difficilement que prévu. Non que les Autrichiens aient massivement résisté. Ils attendaient au contraire en grand nombre Hitler pour l’acclamer. Mais parce que les panzers allemands tombèrent en panne bloquant la progression du convoi du Führer. Un incident qui servit au moins à l’armée allemande pour mieux préparer des lendemains plus glorieux.

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