Malick avait pourtant tout pour devenir un Français ordinaire. Mais ce ne fut pas si simple pour ce trentenaire dont le père était venu du Maroc travailler comme ouvrier agricole quelque part du côté d’Agen. Musulman, il ne l’était plus. Il préféra même le rugby au football. Le rugby avec ses troisièmes mi-temps alcoolisées, ce qui ne lui causait pas plus d’embarras que de manger du porc. Parti faire l’acteur à Paris, le voilà de retour dans son village de Clermont-Dessous, lassé de ne se voir proposer que de rares rôles d’Arabe de par sa gueule « de fait divers ». Malick se débrouille pour éviter ses parents qui partent en vacances au pays mais il doit se coltiner Chibani pour récupérer les clés de la maison familiale. Chibani, la copie se son père, et qui pas plus que son géniteur n’est prêt à lui pardonner d’avoir lâché sa communauté. Car quel bilan peut-il dresser, lui qui à 30 ans n’a ni métier, ni foyer ? Et qui a en plus trahi les espoirs de son père qui l’aurait bien vu poursuivre ses études puisqu’il en avait les capacités. Malick et Chibani vont passer deux jours ensemble dans la petite maison du vieux Marocain. Deux jours à parler à leur façon de l’intégration. Deux jours pendant lesquels Chibani reproche à Malick de ne plus écouter la parole d’Allah et de se prétendre plus Français que Marocain. Chibani a pourtant lui aussi ses faiblesses. Retraité il a choisi de rester dans le Lot-et-Garonne même s’il ne veut pas y être enterré. Il a aussi coupé les ponts avec sa fille aînée quand elle est partie de la maison pour vivre avec un Français. Cela fait de lui un homme bien seul depuis la mort de sa femme. Pendant les deux journées, Malick parvient à s’échapper par moment pour renouer avec les paysages et les connaissances de son adolescence. Mais pas de quoi entrevoir un avenir pour lui dans ce territoire. À moins que son retour ait une autre motivation.