Difficile de traiter un sujet aussi casse-gueule avec autant d’élégance. On savait Léonor de Récondo douée dans l’art de décrypter la psychologie de ses personnages depuis Amours mais elle fait ici plus fort. Laurent Duthillac est apparemment un père de famille ordinaire. Il aime sa femme Solange qui le lui rend bien. Ils ont deux enfants, Thomas qui est au lycée et sa jeune sœur Claire âgée de treize ans. La petite famille vit dans un pavillon. De retour d’un long week-end passé chez sa mère avec ses enfants, Solange découvre un cheveu blond dans un placard. Son univers s’effondre car elle est persuadée que son mari la trompe. Elle le suit mais Laurent ne va pas chez sa maîtresse. Il se rend au Zanzibar, un club fréquenté par les transsexuels. Car Laurent ne rêve que d’une chose : devenir une femme. On peut difficilement imaginer choc plus violent pour Solange. Elle tente de ramener son mari dans la norme en l’envoyant voir un psy. Laurent s’y soumet sans jamais se considérer malade. Les séances ne diminuent en rien sa féminité. Lors d’un repas familial il annonce à sa famille qu’il est en réalité un père et une femme. Thomas explose et traite son père de connard. « Connasse » le reprend Laurent. Les liens père-fils explosent. Thomas refuse de parler à ses parents mais Laurent continue son chemin. Claire supporte mieux le nouveau statut de son père, même quand il commence à s’habiller en femme. Solange semble le tolérer mais elle prend un amant quand elle a fait le deuil de son mari. Une grande leçon de tolérance.