Quand Philippe Jaenada s’empare d’un personnage, il ne le lâche pas. Après nous avoir raconté la vie de Pauline Dubuisson il s’attaque à Henri Girard. Ce nom ne vous dit sans doute rien même s’il a défrayé la chronique dans les années quarante quand il fut accusé d’un triple crime dans un château du Périgord. Vous connaissez sans doute mieux le pseudonyme qui l’a rendu célèbre, Georges Arnaud, qui est l’auteur du Salaire de la peur. Un roman porté au cinéma par Clouzot où Yves Montand et Charles Vanel convoyaient un camion chargé de nitroglycérine en Amérique du Sud. Drôle de bonhomme cet Henri Girard. Il naît dans une famille aisée avec un père haut fonctionnaire. Il est profondément marqué par la mort de sa mère atteinte par la tuberculose, abandonnée par sa famille paternelle qui ne l’accepta jamais. Dès lors Henri Girard devient odieux, parfois violent, rejette tout respect des bourgeois en vivant à leurs crochets. Il n’en est pas pour autant égoïste. Il s’engage pour combattre les Allemands alors qu’il avait été exempté. Le voilà pris dans la débâcle d’une armée « constituée pour un tiers de blessés et de boiteux, pour un autre de traînards dépressifs ». Il cache aussi un couple de Juifs pendant la guerre alors que les Nazis viennent frapper à sa porte à la recherche d’une ancienne femme de ménage « qui œuvrait pour la Résistance en refilant la chaude-pisse au plus grand nombre de soldats boches possible ». Après la Libération, Henri Girard part au Venezuela pour tenter de gagner sa vie car il a dilapidé son héritage. Il en revient décharné mais riche de ce qui deviendra sa nouvelle vie : celle d’un romancier. Mais la grande affaire d’Henri Girard se déroule en 1941 quand on découvre au matin son père, sa tante et la bonne affreusement assassinés dans le château familial. Henri qui couchait dans le bâtiment n’a rien entendu. Incarcéré, il est finalement acquitté grâce à son avocat Maurice Garçon, un des maîtres du barreau. Jaenada se livre à une enquête approfondie pour comprendre ce qui s’est réellement passé.
