Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain, Éditions Gallimard

Oct 4, 2017 #Gallimard

Retour aux État-Unis. Dans son nouveau roman Marc Dugain y retrouve les Kennedy abondamment décrits dans La malédiction d’Edgar. Mais cette fois, John Fitzgerald n’est plus l’objet principal du roman. Il partage cette fonction avec son jeune frère Robert communément appelé Bobby. Le destin tragique des deux Kennedy s’entrecroise aussi avec celui de la famille du narrateur qui aurait été mêlée à la mort des deux frères. Autant le dire, vous ne découvrirez pas la vérité sur ces deux assassinats, car de vérité exacte il n’y en aura sans doute jamais. Mais vous aurez navigué au sein de la mafia américaine, des exilés cubains, de la CIA, du complexe militaro industriel dont nul ne peut douter qu’ils aient eu leur part de responsabilité dans ce double assassinat. Vous aurez également une meilleure vision de la psychologie de ce clan aujourd’hui rentré dans l’histoire. Son périple prit fin avec la mort de Bobby car aucun descendant, ni leurs frères ni leurs enfants ne purent perpétuer l’ambition du chef de la tribu Kennedy, leur père Joe, qui voulait un des siens à la tête du pays. Ce patriarche est bien loin de l’image enamourée que nous a laissée John. Joe est avant tout un mafieux. Il fit fortune pendant la prohibition avant d’acheter l’élection de son fils auprès d’autres mafieux qui lui apportèrent les votes dont John avait besoin dans quelques États clés. Le méchant n’était donc pas Nixon pendant l’élection présidentielle de 1960 mais bel et bien John Kennedy. Le plus jeune président de l’histoire du pays vécut sans difficulté avec cet héritage. Comme il accepta avec plaisir la fortune familiale. Mais il en paya probablement le prix quand la mafia s’estima flouée car elle ne put jamais en retour récupérer ses possessions à Cuba désormais dirigée par Fidel Castro. Nommé ministre de la Justice par son frère, Robert assumait plus difficilement que John ces contradictions. Cela ne l’empêcha pas de mettre sur écoute Martin Luther King. Cela ne l’empêcha pas non plus d’incarner la gauche américaine après la mort de John. Il lutta contre la guerre du Vietnam et incarna le combat des Noirs américains dont la citoyenneté leur permettait surtout de se faire trouer la peau en Asie du Sud-Est. Robert se savait menacé par les mêmes forces maléfiques qui avaient assassiné John. Et pourtant il se présenta aux primaires des élections présidentielles de 1968 contre Lyndon Johnson. Tout laisse à croire que Robert allait remporter les primaires quand il fut abattu à Los Angeles. Shiran Shiran était-il le tireur, lui le Palestinien qui aurait ainsi voulu s’opposer au soutien annoncé de Robert à Israël ? On ne le saura pas davantage qu’on ne sait exactement ce qui s’est déroulé à Dallas en 1963 aux alentours de la voiture de John. Tels étaient probablement les destins de ces deux frères. Tellement liés qu’ils partagèrent même quelques-unes des innombrables maîtresses de John. Marlilyn Monroe sûrement et même peut-être Jackie Kennedy après la mort de John.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *