Qand en 1983 on découvrit le vainqueur du concours international d’architecture de la Tête-Défense on fut plus que surpris. Le vainqueur était Johan Otto von Spreckelsen, un Danois parfaitement inconnu. Il n’avait de sa vie construit que cinq bâtiments dans son pays natal : sa maison et quatre églises. Ainsi commençait une histoire qui aurait dû mener Spreckelsen à la postérité mais qui s’arrêta pour lui trois ans plus tard par sa démission. Un fait sans doute unique dans l’histoire de l’architecture où l’habitude veut plutôt que le décideur se sépare se son architecte. Puis par sa mort, car Spreck décéda six mois après. Le livre de Laurence Cossé relate les incompréhensions de Spreckelsen face à des difficultés techniques bien trop élevées pour lui. Face à des mutations technologiques qui imposèrent l’informatique dans les grands chantiers. Alors que Spreck crayonnait ses projets avant de les envoyer à Paris par la Poste. L’architecte ne comprit pas davantage les restrictions budgétaires qu’on lui imposa en ces années où François Mitterrand investissait dans des grands travaux de la Défense, au Louvre et à l’Opéra Bastille. Plus généralement, il ne pouvait imaginer comment fonctionnait la France. Car le Danemark est avant tout un pays de consensus où aucun gouvernement ne saurait remettre en cause les décisions de ses prédécesseurs. Alors que la France est traversée de conflits incessants. Mitterrand remettant en cause le projet imaginé par Giscard pour La Défense. Comme Chirac n’aura de cesse de défaire à partir de 1986 ce que Mitterrand avait tenté de rendre irréversible. La Grande Arche vit pourtant le jour. Mais le projet de Spreck fut aménagé par les quelques personnes qui envers et contre tous ne se résignèrent pas à voir disparaître le rêve initial de l’architecte danois. Malgré la gabegie et les appétits financiers que suscita ce grand projet.