Richard Morgiève est nostalgique des années 70. Celles où l’on rêvait de rouler en DS 21 ou mieux encore en DS 23. Le temps de ses vingt ans qu’il nous fait revivre avec son double Mietek Breslauer. Un gentil voyou juif d’origine polonaise, parlant vaguement le yiddish, orphelin de longue date, fidèle en amitié et grand séducteurs de femmes. Un peu proxo, même s’il ne met pas ses conquêtes sur le trottoir, se contentant de se faire entretenir par celles qu’il croit aimer. Un dur à cuire comme dans les romans de José Giovanni, capable de rosser les petites frappes qui l’attendent au coin d’une rue et de ne rien dire aux flics qui l’interrogent à coup de bottin. Un grand sentimental aussi puisqu’il prend soin de sa voisine de palier, Madame Test, qui finit difficilement sa vie dans un appartement situé bien trop haut pour ses vieilles jambes. Mieteck vit de vols de voitures. Une activité plutôt rémunératrice mais pas suffisamment dangereuse pour le faire replonger. Car quand on a été en taule, on a aucune envie d’y retourner. En progressant dans le roman, on vous met au défi de ne pas tomber sous le charme de Mietek comme cela vous arriverait dans la vraie vie si vous rencontriez Richard Morgiève. Car c’est bien son existence qu’il nous raconte dans ce livre. Un peu romancée car il n’a jamais fait de prison ni mis quiconque sur le trottoir. Mais pour le reste Mietek lui ressemble bougrement. Cela tombe bien car auteur de vingt-sept romans, Morgiève n’est jamais aussi convainquant que lorsqu’il nous raconte sa vie. Essayez donc Un petit homme de dos qui nous présente son père polonais qui se suicida quand il avait quatorze ans. Ou encore Fausto où il met en scène ses années d’orphelin. Une grande partie de l’histoire des Hommes est véridique. Le quartier Pernety dans le quatorzième arrondissement avec ses bistrots crasseux comme celui de la mère Renée. Débarras 2000, la société créée avec des copains pour vider les caves. L’amitié avec François à qui Morgiève a dédicacé nombre de ses livres. François si compliqué dans ses rapports avec sa famille. Sa capacité à s’occuper de l’enfant d’un autre. L’attirance pour l’écriture qui taraude Mieteck est aussi la sienne. Et écrire, ça Richard Morgiève sait faire.