Ce cinquième élément c’est George Best, génial footballeur nord-irlandais qui joua à Manchester United dès 17 ans. Nous sommes en 1963 et son intégration est d’autant plus facile que les meilleurs joueurs du club sont morts quelques années avant dans un accident d’avion à Munich. Best devient rapidement l’idole des Mancuniens car il remporte ce qui deviendra plus tard la Ligue des champions. Mais il entre véritablement dans l’histoire en devenant le premier joueur qui gagne beaucoup d’argent par ses contrats publicitaires et la vente de déclarations à une presse qui ne demande que cela. Une véritable nouveauté car le foot des années 60 n’est pas celui des années 90. Son club oblige ainsi ses joueurs célibataires à habiter chez une logeuse. Cela n’empêche pas Best de passer de blonde en blonde, de vodka en vodka, d’une Jaguar à une Rolls blanche. Au point de déclarer un jour : « J‘ai dépensé tout mon argent en filles, en verres et en voitures. Tout le reste, je l’ai gaspillé ». Autrement plus classieux que Ribery. Best passe sa carrière ainsi, régalant joueurs et journalistes à Marbella, puis aux États-Unis où il tente de se relancer quand son corps le trahit sur les terrains européens. Le jour de sa mort, après une greffe de foie, il fait encore recette chez les chasseurs de scoops. Les histoires ne valent que par la manière dont on les raconte et Vincent Duluc la raconte bien. Journaliste à L’Équipe, il décrit avec amour la vie de ce prolo aussi à l’aise sur le pré, que dans les boutiques de mode ou au 10 Downing Street où l’invite Harold Wilson alors Premier ministre. Vincent Duluc se régale de cette atmosphère enfumée, des immeubles en briques et des fish and chips. Grâce à lui vous ne regarderez plus le foot de la même façon.