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Le blog de Laurent Bisault

La baignoire de Staline, Renaud S. Lyautey, Éditions Le Seuil

Nov 13, 2022 #Le Seuil

Ce livre il va falloir le savourer parce qu’il n’aura pas de suite, son auteur Renaud S. Lyautey étant mort peu après sa publication d’un cancer foudroyant. Il n’y a toutefois aucune raison de se forcer pour lire cette histoire qui hésite entre le roman policier et le roman d’espionnage. Elle nous emmène en Géorgie où Lyautey avait séjourné comme ambassadeur. Et il avait dû l’aimer ce pays du Caucase, au point de se mettre en scène à travers le personnage de René Turpin, un Français attaché à l’ambassade de Tbilissi. Il va guider nos pas dans l’enquête et plus encore dans l’histoire de ce pays méconnu. Petit par sa taille avec ses quatre millions d’habitants, perdu dans ses montagnes, éternellement confronté à ses puissants voisins. Les Musulmans de Turquie, d’Azerbaïdjan et du Nord-Caucase alors que les Géorgiens ont été parmi les premiers à choisir le christianisme. Et surtout les Russes qui des tsars aux Soviétiques n’ont eu de cesse de conquérir le pays. Cette histoire n’est pas terminée puisque la Géorgie a récemment perdu 20 % de son territoire quand la Russie a soutenu les sécessions de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.

Ensuite vous vous rappellerez que la Géorgie est le berceau du vin

En lisant La baignoire de Staline on les comprend les Russes qui, en satisfaisant leur désir d’expansion, sont aussi venus chercher en Géorgie le soleil, la mer et une nourriture qui fait envie. Oubliez le borch et optez en vous laissant guider par Turpin pour les khinkalis des raviolis à la viande, le koupatis une sorte d’andouille épicée, le tchakapouli un ragoût d’agneau aux prunes vertes et aux herbes, ou un satsivi une volaille à la sauce aux noix. Ensuite vous vous rappellerez que la Géorgie est le berceau du vin, et vous testerez quelques-uns des cépages autochtones. Celui qui connaissait ces trésors était le fils d’un cordonnier, né sous le nom de Iossif Vissarionovitch Djougachvili, rentré dans l’histoire en tant que Joseph Staline. Une fois le pouvoir conquis à Moscou il revenait de temps en temps au pays pour profiter de ses douceurs. Il avait aussi promu quelques Géorgiens comme Lavrenti Betia son bras droit et chef de la police politique. Il avait également contribué à faire connaître les banquets de son pays dans son empire. Si la cote de l’ancien Tsar rouge a beaucoup baissé, il a encore quelques partisans en Géorgie, principalement des nostalgiques de leur jeunesse. Tout cela René Turpin nous le raconte en nous donnant sacrément envie d’aller visiter le pays. De vérifier que les habitants, plus que les golgoths qui sévissent dans les matchs de rugby, sont des hôtes qu’on gagne à connaître.

La nature grandiose et intacte malgré le passé soviétique

Il avait été embauché comme inspecteur quand le nouveau président géorgien avait voulu éradiquer la corruption. Comme il parlait français Nougo Shenguelia avait été envoyé en formation dans l’école de police de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or près de Lyon. Il en conservait un souvenir ébloui dans son commissariat de Tbilissi. C’est là que ce matin, en compagnie de son coéquipier le gros Lacha, on lui confie une nouvelle enquête : élucider la mort d’un citoyen français retrouvé dans la chambre d’un hôtel. René Turpin est premier conseiller à l’ambassade. Il s’apprête à quitter le pays après quatre années qui lui ont fait aimer la Géorgie. La douceur des habitants cachée derrière leur âpreté montagnarde, les banquets et les chants, ainsi que la nature grandiose et intacte malgré le passé soviétique. C’est à lui de suivre l’enquête côté français. Son compatriote s’appelait Sébastien Rouvre, il avait vingt-six ans et son passeport attestait de plusieurs voyages en Géorgie ainsi qu’à Moscou. Rouvre semblait résider chez le milliardaire Papouna Berichvili, un ancien directeur d’une usine de chaussures qui s’était enrichi du temps de l’URSS. Et qui sous Eltsine avait été en bonne position pour tirer profit du dépeçage du pays, créant une banque et investissant dans le pétrole et le gaz. René Turpin a pour ami Irakli Kartadze un homme de soixante-seize ans qui a enseigné avant l’indépendance de la Géorgie l’histoire du Parti communiste à l’Université de Tbilissi. Il survit désormais en vendant des affiches de cinéma aux touristes. Les deux hommes se retrouvent régulièrement au restaurant pour partager de bons moments.

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