Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Sidi, Arturo Pérez-Reverte, Éditions du Seuil

Juin 30, 2023 #Le Seuil

C’est « son » Cid, « son » Ruy Díaz, le mythique héros de la Reconquista, la reconquête chrétienne des territoires espagnols occupés par les forces musulmanes. Arturo Pérez-Reverte le raconte en mélangeant histoire et imagination comme Dumas l’a fait dans ses bouquins. À l’image de l’écrivain français Pérez-Reverte est avant tout un merveilleux romancier. Plus sanguinaire toutefois que l’auteur des Trois mousquetaires. Quand Ruy Díaz part au combat, ce n’est pas pour assaillir Milady de Winter, mais pour passer au fil de l’épée ceux qu’il est payé pour tuer. Et avec Pérez-Reverde on échappe à aucun détail. À vous de voir si vous préférez shunter ces passages. Quel que soit votre choix vous découvrirez un personnage qui a compté dans l’histoire de la péninsule ibérique. Pas nécessairement le vrai car Ruy Díaz était complexe. Il fut certes celui qui contribua au XIe siècle à renvoyer les Arabes et les Berbères de l’autre côté de la Méditerranée. Mais il ne fut pas le Charles Martel espagnol. On le découvre dans Sidi contraint de gagner sa vie en guerroyant au profit de bourgeois locaux contre les Maures. Parce qu’il avait été chassé du royaume de Castille et León, il lui était impossible de gagner sa vie au nom d’Alphonse VI qui pourtant ne manquait pas d’ennemis. Sarrasins, Léonais, Galiciens, Francs. On ne contraint pas son suzerain à jurer qu’il n’est pour rien dans l’assassinat de son frère sans en payer le prix. Ruy Díaz se mit donc au service de chefs musulmans. Était-il un héros espagnol ou un mercenaire qui se vendait au plus offrant ? Aucune importance. Grâce à Arturo Pérez-Reverte Sidi est un personnage qui nous fait rêver, voyager, aimer ceux avec qui il combat, et c’est le plus important.

Ruy Díaz doit choisir son nouveau maître

Le capitaine Ruy Díaz, Minaya son second, et toute leur compagnie se déplacent à la frontière de la Castille chrétienne et des royaumes mahométans. Ils arrivent trop tard pour protéger le monastère de San Hernán qui vient d’être attaqué par des Maures venus du Sud. Mais les frères ont été suffisamment robustes pour les repousser avec peu de pertes. Ruy Díaz se met en chasse des assaillants. À son rythme, sans se presser, même s’il sait que les Maures en profiteront pour piller, violer, tuer les habitants, emmener les survivants avec le bétail des quelques hameaux qui se trouveront sur leur chemin. « Engraisser le cochon avant de le tuer ». Telle est la manière dont il pratique l’art de la guerre depuis dix-sept ans. Deux cents lances, deux cents hommes dépendent de lui. Il doit préserver ces vies, donner à ceux qui lui ont confié leur avenir de quoi subsister. Après avoir vaincu les Musulmans Ruy Díaz doit choisir son nouveau maître. Où doit-il aller dans cette région frontalière des comtés francs, du royaume de Navarre et d’Aragon et de la taïfa de Lérida ? Il opte pour Mutaman le seigneur de la taïfa de Saragosse qui a besoin de combattants pour récupérer le royaume de son frère. Et qui préfère les cavaliers de Ruy Díaz aux Moabites récemment arrivés d’Afrique du Nord qu’il traite de fanatiques bestiaux. Rustre, aculturé, en retard par rapport aux seigneurs catholiques Mutaman ? Vous n’y êtes pas du tout. Pendant ses banquets il accueille des femmes qui n’envoilent que leurs cheveux pas leur visage. Il boit du vin et vit dans un environnement raffiné. Peu lui importe que ceux qui le servent soient musulmans, catholiques ou juifs s’ils se montrent fidèles et lui permettent de repousser les frontières de son royaume.

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