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Le blog de Laurent Bisault

Juste une balle perdue, Joseph d’Anvers, Éditions Rivages

Juil 23, 2023 #Rivages

« Elle s’appelait Ana et j’ai su dès le départ que ça allait merder ». Roman est un boxeur de dix-huit ans qui prépare son championnat programmé dans un mois. Un combat gagné contre un géant venu des pays de l’Est lui a permis d’intégrer l’académie. Il s’entraîne dur, on le voit un jour champion du monde, mais Roman a commencé à sortir le soir dans un quartier où il trouve ce qui lui manque : des filles, de l’alcool, des joints, du speed, des combats à poings nus. Il compense à l’entraînement tout en se rendant compte que son niveau baisse. Un soir Luigi l’amène au Squat le club qui déchire tout dans la ville. Pensez un peu, la plupart des gens sont à moitié dénudés et par moment l’alcool jaillit du plafond. C’est en sortant qu’il découvre Ana. Le lendemain il se réveille avec elle dans une villa luxueuse où elle vit avec une dizaine de jeunes âgés de dix-huit à vingt-deux ans. On est en juillet, le ciel est lapis-lazuli, alors il reste. Le propriétaire du domaine s’appelle Igor, il est plus âgé que les autres, il a une Jaguar XKSS, et laisse la propriété à ceux qu’il appelle ses anges. Ils ont accès à plusieurs hectares, un Bösendorfer blanc est posé à côté de la piscine. Au loin il y a la mer. Seule contrepartie exigée : accomplir les missions demandées par Igor et ne jamais en parler.

Joseph d’Anvers fait penser à Henri Lœvenbruck

Vraiment pas fréquent de tomber sur un tel livre même après avoir apprécié Un garçon ordinaire qui est un très bon bouquin. Mais Juste une balle perdue c’est autre chose. C’est un roman qui vous marque comme peu sont capables de le faire. Un roman noir comme indiqué dès la première phrase, pas un roman social ancré dans une ville. C’est le portrait d’un homme qui fuit son passé d’enfant battu, placé en foyer, et qui se jette dans une aventure trépidante qu’on ne saura jamais situer géographiquement. Plus qu’à Dennis Lehane, Jean-Claude Izzo ou Sabri Louatah qui sont les romanciers d’une ville, Boston, Marseille et Saint-Étienne, Joseph d’Anvers fait penser à Henri Lœvenbruck l’auteur du merveilleux Nous rêvions juste de liberté, l’histoire de quatre garçons qui partent à moto dans une fuite perpétuelle. C’est ce que fait Roman en se jetant dans la fête, l’alcool et la drogue sans envisager l’avenir. Et puis il y a Ana tout aussi fracassée que lui par son passé. Ces deux-là vont rapidement se dire « je t’aime ». Peu importe ce que sera demain. C’est beau, touchant, forcément voué à l’échec, mais peu importe. Comme Roman et Ana on en aura profité.

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