Ava accompagne Simon son fiancé depuis deux ans au mariage de sa cousine en Israël. Mais s’ils sont tous les deux français, Ava est d’origine iranienne alors que Simon est juif ashkénaze. À l’aéroport Ben Gourion Ava est longuement interrogée par les services de sécurité. Sur les voyages qu’ils ont faits ensemble. Sur ses origines ce qui est plus complexe car Ava est certes née à Paris mais pas française. Elle a d’abord été apatride en tant que fille de réfugiés politiques et elle n’a été naturalisée qu’à l’âge de deux ans. Ce fut longtemps difficile à vivre car Ava craignait de perdre sa nationalité. Son physique oriental, très brune, l’a desservie à l’adolescence les garçons lui préférant des beautés plus classiques. Heureusement ses yeux étirés, sa pluie de cheveux fins sont désormais un atout. Pendant l’interrogatoire Ava décline les langues qu’elle parle : le français, l’anglais et le persan. Celui qui lui fait face s’en inquiète et souhaite savoir si elle emploie cette langue avec ses parents. Elle doit expliquer qu’ils sont partis d’Iran lors de la révolution islamique, qu’ils n’y sont jamais retournés, et qu’elle n’y a jamais mis les pieds. Ces paroles font remonter chez elle des souvenirs familiaux comme la cuisine de son enfance : le riz aux fèves, le poulet aux noix ou le fessenjan un ragoût à base de jus de grenade et de noix pilées. Alors qui est véritablement Ava ?
On ne saurait définir juridiquement leur identité
C’est à une introspection sur nos origines que nous convie Suzanne Azmayesh dans L’interrogatoire. Un roman, son deuxième, mais qui respire l’histoire personnelle l’autrice étant comme Ava d’origine iranienne. Son héroïne est vraiment difficile à définir, même d’un point de vue juridique, car elle est française en France et iranienne dans le pays d’origine de ses parents dont l’État ne reconnaît pas la double nationalité. Pour Simon c’est en théorie plus simple. Même si sa famille vient d’un shtetel situé aux confins de la Pologne et de la Hongrie, ces deux pays ne le revendiquent pas. De toute façon Simon se dit avant tout juif arguant que les Juifs ne se sont jamais mélangés aux autres. Mais pour l’un comme pour l’autre on ne saurait définir juridiquement leur identité. Bien que leurs familles aient trouvé leur place en France, elles ont tenté de transmettre à leurs enfants une partie de leurs cultures. La peur d’un éventuel mariage avec un Juif pour la mère d’Ava, le souhait de voir ses petits-enfants former un couple juif solide pour la grand-mère de Simon. Ils l’ont tous les deux refusé mais qu’ont-ils accepté sans le savoir ?
Qu’en dit Bibliosurf ?
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