Les historiens, qui ont raconté le dernier président de notre république avant sa chute, l’ont appelé le Dingue. Pour le comprendre il faut remonter à cette nuit d’août 2020, quand un homme marchait sur la plage de Fort-Mahon (Somme) avec un pull sur les épaules, habillé d’une chemise en lin blanc, et un Glock 27 dans la poche arrière de son pantalon. Il faut aussi retrouver deux mois plus tôt Francesca Crommelynck, une jeune blonde de vingt ans, quand vêtue d’une petite culotte elle lisait Vu de droite d’Alain de Benoist, une figure de l’ultradroite. L’homme de la plage avait la trentaine et s’appelait selon ses faux papiers Victor Serge. Il s’apprêtait à accomplir sa dernière mission avant de se retirer dans sa petite demeure au Portugal. Il allait tuer neuf personnes surprises en train de danser nues, dans une petite maison qui sentait la drogue et le sexe. Que Victor Serge se soit trompé de cibles ne l’embêta pas longtemps, car il fut immédiatement abattu d’un coup de fusil par une voisine qui avait entendu du bruit. Ignorer que ce territoire en bord de mer était aussi réputé pour la chasse à la hutte, constitua la plus grosse faute professionnelle de la carrière du tueur. Cela permit au député Bonneval, pour qui Victor Serge avait été payé quelques heures plus tôt, de sauver sa peau. Francesca Crommelynck avait aussi des liens avec les politiques. Avec sa blondeur, ses cuisses et ses bras musclés, elle évoquait la propagande nationale-socialiste. Elle n’avait toutefois pas toujours adhéré aux propos d’Alain de Benoist qui célébraient la race aryenne indo-européenne. Car celle que ses parents et son grand frère avaient surnommée dès le CE1 « la petite fasciste », était ensuite tombée amoureuse de Jugurtha Aït-Ahmed. Il était le fils d’un docker kabyle communiste, et il lui écrivit à treize ans un poème où il la qualifiait de « kolkhozienne aux seins nus ». Mais cet amour de jeunesse était mort. C’est pourquoi Francesca était désormais une membre active du « Lion des Flandres » un groupe identitaire régulièrement dissous par le ministre de l’Intérieur, jusqu’à la chute de la république.

Le secrétaire général de l’Élysée se dit : « il va dissoudre »

Heureusement nous parlons ici de fiction et non d’une enquête journalistique. Parce que ce bouquin est tellement addictif que nous pourrions nous tromper. Heureusement personne n’imaginerait que la France soit dirigée par un dingue. Un jeune énarque apparu dans les radars lorsqu’il rédigea le rapport d’une Commission de modernisation sociale et solidaire de la France. Un mec qui se disait vaguement socialiste. Le Dingue a trois dissolutions et sept Premiers ministres au compteur, le prix des 49-3 utilisés dans une Assemblée sans majorité. « Le Dingue s’en fout. Le Dingue est dingue. ». Hors Conseil des ministres, il ne se lave ni ne se rase, il pue. Il n’a plus aucun soutien, il est devenu le roi d’Angleterre sans l’amour du peuple. Le Dingue est traité pour schizophrénie, et quand il sifflote du Charles Trenet, le secrétaire général de l’Élysée se dit : « il va dissoudre ». La classe politique est aux abois. Le Bloc patriotique, un parti d’extrême droite présidé par une femme qui a succédé à son père, se réjouit. Cette fois ce sera la bonne, surtout si les nervis casseurs d’immigrés qui les ont tant servis, se tiennent tranquilles. En face la gauche s’est réunie bien qu’au PS on ne supporte guère les Insurgés et surtout leur chef Marchecourt. Mais que pèse encore le PS quand en interne on traite le Premier secrétaire de « couille molle ». Un surnom écrit au singulier ce qui est encore moins flatteur. Tout cela la Première ministre techno Louise Michel le sait et elle s’en fout. Elle compte garder le pouvoir en misant sur un obscur député socialiste, un certain Patrick Bonneval élu de longue date. Un mec de soixante ans qui ne continue la politique que pour repousser la peur de vieillir. Heureusement tout cela n’est que fiction et ne nous arrivera jamais.

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