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Le blog de Laurent Bisault

Mourir en juin, Alan Parks, Éditions Rivages

Juin 15, 2025 #Rivages

28 mai 1975, l’inspecteur en chef Harry McCoy est envoyé sur un terrain vague de Glasgow. Deux ados viennent d’y trouver un corps. C’est un SDF qui semble avoir une soixantaine d’années et qui en a probablement dix de moins. L’homme s’appelle Govan Jamie, et l’inspecteur McCoy le connaît. C’est un clodo qui traîne avec le père du policier, lui-même SDF. Le légiste conclut à une mort naturelle, ce qui signifie que l’homme est décédé d’un arrêt cardiaque, et plus encore de l’alcool et de la misère. Sauf que deux semaines plus tard, McCoy apprend d’un adolescent qu’un deuxième homme serait mort dans les mêmes circonstances. Personne ne croit le jeune Gerry, sans doute parce qu’il vit lui aussi dans la rue. Peu après Judith West débarque au commissariat en déclarant que son fils Michael âgé de neuf ans a disparu. Il n’était pas dans sa chambre quand elle y est entrée le matin à sept heures. La recherche du garçon s’annonce complexe, ses parents ayant toujours refusé de le prendre en photo. Aucun espoir non plus d’obtenir un portrait de son école car Michael n’était pas scolarisé. Et il faut faire avec la mère qui hurle, se griffe le visage, tout en appelant à son Seigneur. Pourtant à en croire le révérend West de l’Église des Souffrances du Christ, l’époux de Julie, il n’y aurait nul besoin de chercher Michael, puisqu’ils n’ont jamais eu d’enfant. Pour avoir immédiatement lancé des recherches « pour rien », McCoy se prend une soufflante du commissaire Long. Il aurait dû comprendre que cette femme, qui avait débarqué avec une bible grande comme un annuaire téléphonique, était cinglée.

Une ville ravagée par la désindustrialisation

Très belle trouvaille que cette série que je découvre avec beaucoup de retard puisque Mourir en juin est le sixième volume consacré à l’inspecteur Harry McCoy. Alan Parks semble pourtant être apprécié par de nombreux critiques de la littérature noire, si on en croit la citation de Libération que l’éditeur a mise en exergue du roman : « Chaque fois qu’il referme un épisode de cette saga écossaise, le lecteur se dit qu’il vient de lire le meilleur ». Je ne me prononcerai pas sur ce point, mais ce qui est sûr c’est que j’y reviendrai. Parks nous propose un très beau portrait de Glasgow dans la décennie soixante-dix. Une ville ravagée par la désindustrialisation, qui a perdu ses chantiers navals et les emplois qui allaient avec. Dont l’urbanisation ancestrale recule devant la construction d’autoroutes. La Glasgow d’Alan Parks ressemble furieusement à la Belfast de Robert McLiam, les bombes en moins. On n’est plus chez Dickens, mais comme dans l’Angleterre de l’écrivain anglais, les pauvres ne survivent que par les soupes populaires et l’alcool.

Il se nourrit de currys et de tourtes bien grasses

McCoy est à l’image de sa cité. C’est un flic cabossé par la vie, une jeunesse en foyer d’accueil, un ulcère à l’estomac qui le fait souffrir. S’il aime son métier, s’il est acharné, il ne supporte plus ni le sang ni l’odeur de la morgue. Alors comme beaucoup d’habitants de Glasgow, McCoy fréquente assidûment les pubs où il use et abuse des pintes et du whisky, et se nourrit de currys et de tourtes bien grasses. Il en a besoin pour survivre à la guerre des gangs, aux assassinats sordides, à la misère sociale. Et même à la recherche des ripoux de la police alors qu’il est lui-même sous l’influence du futur maître de Glasgow. Heureusement, il vit avec une actrice magnifique, « une vraie gauchiste ». Une femme si belle qu’on dit de lui qu’avec Lindsay il boxe au-dessus de sa catégorie. Les romans noirs ne sont jamais aussi réussis que quand ils sont ancrés dans le social. Et là on est en plein dedans.

Qu’en dit Bibliosurf ?
https://www.bibliosurf.com/Mourir-en-juin.html

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