Souvent les racistes lui disent de rentrer chez elle. Elle le fait chaque année lors de son retour familial au bled qu’elle effectue désormais à sa façon : en train et un peu en ferry. Terminé le voyage en voiture accompli si souvent avec ses parents. Exit le trajet aérien avec son mari et ses enfants devenu routinier. Les tarifs des compagnies aériennes ont en partie motivé ce changement. Mais il y eut d’autres raisons. Le plaisir de se façonner un parcours sur mesure. La joie de profiter des paysages. La satisfaction de réduire d’un facteur 24 les rejets de CO2 par rapport à l’avion. La journaliste Nassira El Moaddem a ses attaches à Romorantin. C’est pourquoi elle a souvent emprunté l’Intercités qui la menait à Salbris, avant de retrouver le Blanc Argent ou B-A qui la menait jusqu’à la ville de son enfance. Le goût des déplacements ferroviaires au long cours, Nassira l’a découvert en 2007 quand elle était étudiante en sciences politiques à Istanbul. Elle avait eu l’occasion de se rendre à Téhéran en train, trois jours de périple pour 50 euros avec la couchette en partant d’Ankara. Le Trans Asia Express portait mal son nom, mais il proposait des paysages délirants et même non loin de la frontière iranienne la traversée du lac de Van en ferry. Il y eut d’autres expériences « exotiques », en Tunisie et dans les Balkans. Nassira ne les a pas oubliées. Elle nous raconte ici celle qui lui permet d’enjamber la Méditerranée comme elle l’aime, tout en se rappelant les retours au bled effectués dans la 504 break de ses parents. C’est grand un break, mais ça ne l’était pas assez pour que chacun puisse trouver de quoi loger ses jambes une fois les bagages chargés. Il n’était de toute façon pas conçu pour lutter contre la peur de se perdre dans les nœuds routiers de Madrid, car à l’époque la carte Michelin était le seul instrument pour se diriger. Et que dire de la souffrance des passagers submergés par la chaleur andalouse, puisque les glaçons étaient l’unique façon d’y remédier. Une fois arrivée face à la mer, la famille devait parfois attendre trois jours à Algésiras avant d’embarquer dans le ferry.
La troisième ville andalouse recèle d’innombrables richesses
Le premier retour au bled en train fut beaucoup plus simple. Il commença par un Paris-Barcelone, et se poursuivit avec une seconde étape jusqu’à Cordoue. Avec à chaque fois un train à grande vitesse, histoire de vérifier que la technologie espagnole n’avait rien à envier à celle de la France. L’arrêt dans la capitale catalane avait été minutieusement programmé pour profiter de quelques-unes de ses merveilles. Une nuit dans un hôtel familial parfaitement propre, et hop direction Montjuïc et sa Fontaine magique. Moins connue la troisième ville andalouse recèle d’innombrables richesses héritées des cultures byzantine, musulmane, chrétienne et juive. On peut la visiter en suivant des bénévoles que l’on rétribue en fonction de l’intérêt qu’on y a trouvé. Après n’hésitez pas à déguster un salmorejo, une soupe à la tomate locale agrémentée de pain, d’huile d’olive, d’ail et d’un œuf dur haché. Le périple reprit jusqu’à Cadix en train régional, puis vers Tarifa et sa gare maritime en bus. Une heure de bateau suffit pour atteindre Tanger où le TGV marocain dessert Casablanca en deux heures dix. Il ressemble furieusement à son cousin français, ce qui est logique car c’est Alstom qui l’a construit. Il existe beaucoup d’autres possibilités pour rejoindre le Maroc depuis Paris sur les rails. Nassira El Moaddem est descendue cette année au Maroc depuis Paris en optant pour un Paris – Latour-de-Carol en train couchettes, avant d’enchaîner vers Barcelone avec la Renfe. À lire ses posts diffusés en quasi-live sur Bluesky, elle a kiffé ! Non contente de s’émerveiller sur les paysages ariégeois, elle rêvait de nouvelles aventures en train de nuit, entre Turin et Lecce dans les Pouilles. Ou de Rome vers la Sicile sans descendre du train qui est hissé sur un ferry à Messine. Vous trouverez dans son livre d’innombrables renseignements pour préparer vos voyages. Car les meilleurs plans se méritent en tapant aux bonnes portes. Son Paris – Latour-de-Carol lui a coûté 25 euros par personne plus 125 euros pour l’achat du Pass Interrail. Lequel leur a permis de continuer gratuitement jusqu’à Barcelone.
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