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Le blog de Laurent Bisault

La Constance de la louve, Cécile Baudin, Éditions Les Presses de la Cité

Saint-Alban, Lozère, hiver 1835. Anatole Bousquet gît sur le flanc aux abords du château où les sœurs soignent 150 aliénés. C’est sœur Jeanne, qui l’a découvert. Le jeune homme était arrivé deux ou trois ans plus tôt de Langogne comme officier de santé, dans l’asile créé par le dernier héritier de la famille Morangiès. Le nobliau s’y était ruiné et le château venait d’être récupéré par le département. Les gendarmes chargés d’éclaircir sa mort ne constatent aucune trace de coups sur le corps. L’homme pourrait s’être égaré pendant la tempête de neige et être mort de froid comme tant d’autres avant lui. En faisant le tour du bâtiment le brigadier-chef Bastide tombe sur un chien-loup et son maître habillé en noir. L’homme s’appelle Victor Chastel, il est lieutenant de louveterie nommé par le roi pour superviser la traque des loups dans la région. Mais il est présent comme juge de paix à la demande de son ami Peytavin le maire de Saint-Alban, pour enquêter sur le décès. En autopsiant le corps avec l’aide de Marianne l’infirmière de l’hospice, il découvre des brûlures sur Anatole. Ainsi que des traces à proximité du château qui pourraient être celles d’un meurtrier. Chastel est un obstiné, dur au mal comme le montre son passé de trappeur au Canada. On le dit aussi petit-fils de Jean Chastel, celui qui tua la « Bête » avec des balles qu’il avait lui-même fabriquées. Il ne va pas lâcher l’affaire.

La plupart parlent le patois sans comprendre le français

Bienvenue en Gévaudan cette province de l’Ancien régime qui est devenue la Lozère pendant la Révolution française. Le pays est connu pour sa « Bête » qui affola la population jusqu’au roi de France entre 1764 et 1767. Mais il est aussi celui des « fous ». Une tradition entretenue par des communautés religieuses et des élus locaux qui accueillirent des personnes traquées pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans La Constance de la louve, Barrot le directeur de l’hospice est adepte de la manière forte, douches froides, compression des ovaires, saignées. Ces traitements ne sont rien en comparaison des conditions de vie qui obligent les malades à subir d’insupportables odeurs d’urine dans les bâtiments. Ici en Margeride la Révolution a peu modifié la vie des habitants. La plupart parlent le patois sans comprendre le français. Les positions sociales n’ont guère évolué, ouvriers et paysans n’ont aucun moyen de contester les acquis des notables. Et surtout pas par le vote dont ils sont exclus. S’ajoute aussi pour les hommes la perspective d’être enrôlés pour sept années dans l’armée, soit une quasi-certitude de ne pas revenir. C’est dans ce contexte extrêmement bien documenté que Cécile Baudin nous fait voyager de Langogne à Naussac ou Saint-Flour, c’est-à-dire dans quelques-uns des plus beaux paysages français. On suit avec bonheur Victor Chastel et la jeune Constance dont on comprend vite qu’elle a trop d’atouts pour en rester à son statut de bonne. Une très belle lecture qui en appelle d’autres car Cécile Baudin a écrit deux autres romans historiques.

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