Excellent ce polar ! Bourré d’humour, pas effrayant pour deux sous, original et même féministe. Un bouquin d’une autrice sur les femmes là où on ne les imagine guère : la mafia. Et pourquoi donc ne trouveraient-elles pas une place dans ce milieu dont les dirigeants brillent souvent bien davantage par leur testostérone que par leur intelligence. Alors en route pour Grenoble où l’on découvre Michèle Acampora au chevet de son mari Leone qui vient d’être placé en soins intensifs. Il est dans le coma, ce qui pouvait lui arriver de mieux selon ses médecins car la maladie d’Alzheimer ce n’est pas marrant et ça finit toujours mal. En théorie Leone Acampora aurait dû atterrir dans la maison de retraite mise en place par le parrain local. Une bonne adresse pour finir sa vie en jouant au poker tout en étant dorloté par des infirmières bulgares. Plutôt accortes ces soignantes qui n’hésitent pas à danser en bas résille avec les résidents.
Une balle dans l’œil, c’est le tarif pour celle qui ne lui a pas laissé l’exclusivité de son corps
Mais la santé de Leone Acampora s’est rapidement dégradée et les médecins ne le voient pas s’en sortir. Pour Michèle, ce n’est pas dramatique, la mafia locale ayant pris l’habitude de verser une pension aux veuves. Rien que de très normal car Michèle a contribué à sa façon aux affaires : en prenant soin de son mari, en facilitant les accords quand des tensions se faisaient jour entre les hommes, et en blanchissant l’argent. Le tout avec une quasi-fidélité envers son mari. Mais quasi ce n’était pas assez pour le caïd napolitain resté très attaché aux apparences. Le cocu de mari a donc décidé de lui faire payer post mortem ses cornes en engageant un tueur à gages. Une balle dans l’œil, c’est le tarif pour celle qui ne lui a pas laissé l’exclusivité de son corps. Et pour le mec qui a fait ça avec elle ce sera en plus les couilles entre les dents même s’il est végétarien. Dina leur fille cadette travaille dans l’humanitaire, une façon comme une autre de se faire pardonner les mauvaises actions de sa famille. Mais comme une grande partie de l’argent qu’investit son ONG en Afrique sert à graisser la patte des intermédiaires, cela ne la change guère de ce qu’elle a côtoyé en grandissant. Contrairement à sa mère Dina a été choyée par son père qui lui lègue sa cimenterie. Une usine qui crache du cash à chaque marché public dont les Acampora sont partenaires.
Dans sa vie officielle Alessia dirige une pharmacie où elle se rend en Smart blindée
Contrairement à Dina sa sœur Alessia est impliquée dans le business de la famille. Alors quand Rouamba le Congolais se met en tête de récupérer une partie du marché local de la dope, c’est elle qui envoie les tueurs le calmer. Grenoble est depuis longtemps la chasse gardée des Italiens mais les Africains voudraient leur faire la peau. Alessia n’a rien dit de ses activités à ses deux adolescents Matteo et Luisa qui se posent quand même des questions. Dans sa vie officielle Alessia dirige une pharmacie où elle se rend en Smart blindée. Comme la vie de mafieuse n’est pas de tout repos, Alessia pratique le tai-chi ainsi que le yoga et lit des phrases sensées l’apaiser. Et elle en aura besoin.