Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

La mélodie du passé, Hans Meyer zu Düttingdorf, Éditions Les Escales

Avr 2, 2016 #Les Escales

Christina vide l’appartement de sa mère qui vient de mourir à Berlin. Elle tombe sur une carte postale avec quatre musiciens jouant avec un violon, une guitare, une contrebasse et un bandonéon : Los Tangueros de Buenos Aires. Le document qui n’a jamais été posté est illisible, car rédigé avec l’écriture Sütterlin qui n’est plus enseignée en Allemagne depuis la guerre. La carte est pourtant son ultime lien avec son passé familial. Elle ignore tout ou presque de la vie de sa mère qui a perdu ses parents dans un bombardement avant de grandir à l’orphelinat. Hemma Hechtel, née von Schaslik, vogue sur un paquebot vers l’Argentine au côté de son époux qu’elle vient d’épouser. Quitter l’Europe n’a pas été facile pour cette fille d’une famille qui court derrière son lustre passé. Mais Emma a succombé au charme de Juan, un riche propriétaire foncier qui projette de faire des affaires avec l’Allemagne dans cette fin des années vingt. Ainsi commence le destin croisé de ces deux femmes. Christina ira en Argentine pour démêler le fil de l’histoire et renouer avec ses aïeux. Au risque de succomber au charme d’un pays tellement différent du sien. Un pays bâti sur d’incroyables contrastes, la plus grande richesse issue de terrains sans limites côtoyant la plus grande pauvreté des ouvriers agricoles. Un pays où on apprend à se débrouiller quitte à interpréter les lois. Ainsi en témoigne cette histoire. Un projet immobilier est lancé à Buenos Aires. Une entreprise japonaise propose un projet de deux millions de dollars décrit dans un document hyper documenté. Un groupe américain renchérit avec une projection d’images en 3D pour huit millions. Survient un architecte argentin mal rasé. S’approchant du ministre des Travaux publics, il lui glisse un papier froissé où on peut lire : six millions. Avant d’ajouter discrètement : « deux pour vous, deux pour moi et on laisse les Japonais faire le travail ». Autant dire que notre jeune Allemande n’est pas au bout de ses surprises.

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