Janvier 1919, Paul et Georges Lachalme sont lycéens à Aurillac. Ils viennent de Chanterelle, plus haut sur le plateau du Cézallier. Du pays au-delà du Puy-Mary et du Lioran, vers Condat, Allanche et Murat. Là où les neiges sont interminables entre novembre et avril. Paul est l’aîné, Georges le cadet excelle en tout au lycée. André a deux mères, du moins il fait comme si. Il dit « maman » à Hélène sa tante qui l’a élevé à Figeac (Lot), et « ma mère » à Gabrielle sa mère qui habite Paris. André y est né en 1924 quand Gabrielle avait presque trente-sept ans. Ce jour-là Hélène était à ses côtés. André n’avait pas de père, Hélène l’avait donc ramené avec elle à Figeac. Gabrielle le lui avait demandé quand elle avait débarqué, sans honte, enceinte de trois mois à la gare de Figeac. Il porterait son nom et il serait le fils et le petit-fils qu’Hélène et leurs parents n’avaient pas eu. Pendant la guerre André est parti au maquis où il a rencontré Silvia une femme qu’on disait juive. Elle a disparu en septembre 1944, et à vingt-six ans André épouse Juliette. C’est ce jour qu’il apprend que son père s’appelle Paul, et qu’il avait rencontré Gabrielle quand elle était infirmière au lycée d’Aurillac. Paul est désormais avocat à Paris.
La plus grosse blessure c’est peut-être Gabrielle qui la porte
Le fils c’est André que l’on suit avant sa naissance, pendant son existence, et après sa mort, grâce à de nombreux allers-retours dans le temps. Histoire d’un fils s’étale sur un siècle de 1908 à 2008. De la présentation du père d’André à Aurillac à la visite d’Antoine son fils dans le cimetière de Chanterelle. Pendant ces cent ans André ne rencontrera jamais son père bien qu’il connaisse son nom et l’endroit où il habite. Il aura pourtant une vie plutôt heureuse malgré les rapports complexes qu’il entretiendra avec Gabrielle sa mère. À dix ans il ne souhaite pas qu’elle vienne passer l’été avec lui à Figeac. On pourrait aussi dire avec eux tant il est considéré par Hélène et son mari Léon comme leur enfant au même titre que leurs trois filles. André est aussi aimé de ses grands-parents. La plus grosse blessure c’est peut-être Gabrielle qui la porte Elle qui a toujours pensé être une femme libre à une époque où la norme sociale ne le permettait pas. Mais Gabrielle s’est retrouvée enceinte par accident d’un homme de seize années plus jeune et qui n’avait aucun projet de vie avec elle. C’est cette improbable rencontre entre un jeune notable venu du haut Cantal et d’une infirmière figeacoise qui va susciter tous les non-dits de la famille. C’est la volonté de Paul de connaître une femme qui va faire porter à Gabrielle le poids de l’abandon. L’histoire est touchante, touffue. Parfois trop, on aurait presque besoin d’un arbre généalogique. La langue est belle comme toujours chez Marie-Hélène Lafon l’autrice née à Aurillac et qui raconte si bien sa région. On s’attache aux personnages et aussi à ces rudes paysages cantalous où il n’y a pas que les neiges qui perdurent l’hiver. Les secrets de famille y ont aussi la peau dure.
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