Montréal 2011, Jack Devereaux fouille les débris fumants d’un immeuble effondré comme il le fait depuis vingt ans. Un policier l’appelle pour lui parler de son frère Calvis qui vient d’être placé en détention dans le commissariat de Jasperville après avoir tenté d’assassiner un homme. Alors Jack décide de rentrer chez lui, au-delà de Sept-Îles sur la rive nord du Saint-Laurent, dans ce qui fut un pays de trappeurs avant de devenir celui des mines de fer. Jack est le deuxième enfant de Henri un ouvrier qui réparait les canalisations à Montréal et d’Elisabeth une institutrice. Dans le couple elle amenait l’argent, celui de son père William un banquier anglais qui avait émigré pour échapper à la justice. En 1969, après avoir dépensé sans compter, les Devereaux, Henri, Elizabeth, Juliette leur fille aînée, Jack ainsi que William, partent à Jasperville. Pendant l’hiver 1971, Lisette Roy une jeune fille, disparait. On retrouve son corps à la limite de la ville, probablement dévoré par une bête sauvage. Peu après arrive Calvis, le troisième enfant de la famille. En 1973 nouvelle disparition, celle d’Anne-Louise Fournier une jeunette de quinze ans. Son père la retrouve déchiquetée. Mais le chef de la police Maurice Thibault doute qu’elle ait été victime d’un loup ou d’un ours. En revenant à Jasperville vingt-six années après être parti, Jack Devereaux va se confronter avec ce passé.
Elle s’appelait alors « J’espère-ville » un nom qui n’a plus désormais de raison d’être.
Retour aux sources pour ce quatorzième roman de R.J. Ellory publié chez Sonatine. Rien que des polars et des romans noirs que j’ai tous lus, c’est dire si j’ai un faible pour cet auteur. Une saison pour les ombres renoue avec Seul le silence qui en 2008 fit basculer instantanément l’écrivain de Birmingham dans la catégorie de ceux qui comptent. Cette fois la quête du passé qui hante le personnage principal ne le ramène pas dans le Sud des États-Unis. Elle le fait revenir dans les terres glacées du nord du Québec, une vraie nouveauté pour l’écrivain anglais qui avait jusque-là domicilié ses romans dans le Deep South, en Floride ou à New York. Place donc aux terres gelées, aux vents glacés, aux nuits, auxquels succèdent pour quelques mois un soleil éternel et les moustiques. Jasperville fut un temps une ville d’espoir pour des travailleurs venus dans cette terre inconnue. Elle s’appelait alors « J’espère-ville » un nom qui n’a plus désormais de raison d’être. On y vient en train faute de pouvoir y atterrir en avion sur une piste en trop mauvais état. Nul n’aurait l’idée de tenter le voyage en voiture. Canada Iron l’entreprise qui organise l’extraction et la transformation du minerai est la raison d’être des habitants. Sauf pour ceux qui ont réussi à repartir ou qui rêvent de s’en aller comme la plupart des jeunes.
Les enfants avaient bien du mal à vivre
Dans un récit qui prend son temps, et ne s’accélère que pour le dénouement final, Ellory fouille le passé de Jack pour tisser un roman noir, très noir. On revit les fausses promesses, les renoncements, les trahisons. La famille Devereaux était bien plus fragile qu’on aurait pu l’imaginer. Entre un grand-père qui semblait avoir perdu la raison, un père violent, une mère qui peinait à s’imposer, les enfants avaient bien du mal à vivre. Surtout quand ils portaient un secret inavouable. Et il y avait ces légendes indiennes, qui voulaient que certaines personnes envoûtées soient obligées de tuer pour se déposséder. Vous n’y croyez pas ? Vous avez peut-être tort car avec ce conteur hors pair, capable de nous proposer tous les ans une nouvelle histoire envoûtante, il faut s’attendre à tout.
Qu’en dit Bibliosurf ?
https://www.bibliosurf.com/Une-saison-pour-les-ombres.html
Abonnez-vous pour être averti des nouvelles chroniques !
« Grand merci pour votre soutien et votre gentillesse », R.J. Ellory sur Tweeter