Courir le marathon de Pyongyang pour visiter la Corée du Nord c’est la drôle d’idée qu’a eue Jacky Schwartzmann. Pari tenu pour cet auteur de romans noirs qui ne se départit jamais de son sens de l’humour. Il avait pourtant placé la barre très haut. D’abord en s’infligeant une épreuve sportive qui est tout sauf anodine. Et surtout en se rendant dans le pays le plus fermé au monde, celui des trois Kim. Kim Il-sung le fondateur de la Corée du Nord. Son fils et successeur Kim Jong-il. Et Kim Jong-un le petit-fils de Kim Il-sung, l’actuel dirigeant suprême de la Corée du Nord. Un mec assez sympa qui joue avec les missiles nucléaires comme le ferait un ado occidental avec sa Playstation. C’est d’ailleurs le goût de l’inconnu qui a poussé notre auteur bisontin à se rendre en Asie alors que ses proches craignaient le pire pour lui. Avec un peu de recul le plus périlleux a été de s’envoyer les quarante-deux kilomètres du marathon, juste après un vol pour Pékin suivi de vingt-sept heures de voyage en train. On pourrait aussi dire que le transit dans la capitale chinoise n’a pas été de tout repos, bousculé qu’il fut par les autochtones lorsqu’il s’est agi d’acheter son billet Pékin-Pyongyang. Pour le reste séjourner en Corée du Nord semble moins périlleux que vivre dans un quartier régi par les dealers comme Jacky Schwartzmann l’a raconté dans Shit. Non que le pays soit accueillant. Mais parce que tout était encadré pendant les dix jours qu’il y a passés. Des habitants il n’en a pas vu grand-chose. De toute façon quel Nord-Coréen se serait risqué à échanger avec un étranger ? Lequel aurait même pu imaginer la moindre critique après trois générations d’endoctrinement ? C’est donc un parcours des plus ordinaires auquel il a eu droit, avec des conditions d’hébergement pas si différentes de celles qu’il aurait pu connaître ailleurs. La bière de riz était plutôt bonne, la chambre d’hôtel presque aux normes occidentales. Autant de choses auxquelles n’ont pas droit les habitants comme Schwartzmann a pu le constater en s’approchant en train de Pyongyang. Car de nombreux champs aperçus de loin étaient vides. La faute au climat et à la déforestation pratiquée par les Coréens pour se chauffer. Rien d’étonnant dans un pays où nombreux sont ceux qui sont littéralement morts de faim il n’y a pas si longtemps.
Reste à s’entraîner
C’est pendant une soirée créole qu’il a décidé d’y aller, à Pyongyang en Corée du Nord. Là où se trouve la dernière dictature communiste au monde. Celle qui est dirigée par l’héritier des Kim dont la coiffure s’est instantanément mise à pousser à l’intérieur de son crâne. Pour entrer dans le pays Jacky Schwartzmann a la solution : participer au marathon de la capitale coréenne ouvert aux étrangers depuis 2013. Il n’a pourtant jamais couru les quarante-deux bornes de l’épreuve et c’est justement ce qui l’excite. Pour se préparer Jacky Schwartzmann prend un congé sabbatique de six mois. Il est écrivain la nuit, une activité si peu rémunératrice qu’il la double d’un emploi chez Alstom pour faire vivre sa famille. Il s’embarquera pour la Corée avec son oncle Olivier un adepte du triathlon, et Clémentine une critique littéraire. Pour cette jeune femme qui ne pratique le sport que pour attraper un métro, les dix kilomètres également proposés par les Nord-Coréens seront suffisants. Reste à s’entraîner. Jacky a déjà bouclé un semi-marathon en une heure et trente-neuf minutes. Il y a longtemps, très longtemps, quand il traînait huit kilos en moins. Il croit savoir qu’à Pyongyang on ramasse de force ceux qui ne courent pas assez vite. Si c’est pour être emmené à l’hosto, ça n’a rien de réjouissant parce que c’est quoi l’espérance de vie dans un hôpital coréen ? Alors Jacky suit avec rigueur son plan d’entraînement. Footing, fractionné et même une « sortie longue » de deux heures et demie qu’il termine dans un état second voire troisième. Il n’a pourtant parcouru que vingt-six kilomètres soit seize de moins de ce qu’il devra faire à Pyongyang.
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