Sofia Colicchio est la meilleure amie d’Antonia Russo sa voisine d’à côté. Elles vivent à Red Hook un quartier de Brooklyn. Leurs familles s’y sont installées sur l’ordre de Tommy Fianzo le patron de Joey et Carlo leurs pères. Le quartier habité par des Italiens et des Irlandais demeure violent même si ça s’est amélioré. Sofia et Antonia savent qu’oncle Billy qui vient manger à la maison n’est pas vraiment leur oncle. Mais il fait partie de la Famille comme leurs pères. Le métier de Joey Colicchio consiste à aider les gens. C’est pour cela qu’ils le payent et qu’il est toujours servi le premier quand il entre dans un magasin. Il n’y a pas que chez les voisins que Joey et Carlo suscitent la peur. Leurs épouses Rosa et Lina ne sont jamais tranquilles quand ils sortent le soir. Il existe toutefois une différence entre les deux hommes. Joey est arrivé enfant à New-York en provenance de Sicile. Il a connu les humiliations de ses parents relégués au sud de Brooklyn, et à seize ans il a approché Tommy Fianzo pour s’insérer parmi ces Italiens qui avaient la belle vie. Débarqué adolescent de son bateau Carlo a tout de suite été aidé par Tommy. Ensuite c’était trop tard pour échapper à sa mainmise. Un jour de 1928 Carlo Russo est appelé dans la nuit par Tommy Fianzo qui dira à Joey que Carlo piochait dans la caisse, ce qui faisait désordre. Lina Russo ne participera plus aux réunions familiales. Les lien très forts qu’elle avait avec Rosa Colicchio seront à jamais distendus. Mais ça n’altérera pas l’amitié de Sofia et d’Antonia, même quand Antonia s’imaginera quitter la Famille pour faire sa vie.
Sofia et Antonia ont pourtant très jeunes eu envie de s’émanciper
Il y en a des histoires de mafieux à New York dans les livres comme dans les films. Mais ce premier roman de Naomi Krupitsky change la donne car ce sont cette fois deux personnages féminins qui nous la raconte. N’allez pas croire que Sofia et Antonia soient moins fortes que les hommes qui les entourent. Dans ce milieu de Siciliens miséreux débarqués à Ellis Island, les hommes ne sont pas davantage maîtres de leur destin. Seul un petit nombre parviendront à s’élever dans la hiérarchie de la Famille. Les autres, Joey, Carlo, et beaucoup d’autres, seront toujours redevables de quelque chose. Impossible pour eux de changer de parcours sauf à le payer de leur vie. Et que dire des immigrés juifs qui ont de justesse échappé aux pogroms en Lituanie ou aux nazis à Berlin ? Sofia et Antonia ont pourtant très jeunes envie de s’émanciper. Au moins de leur statut de femme, qui pendant et après la seconde guerre mondiale, les condamne à demeurer au foyer familial pour élever les enfants. Antonia aurait aussi voulu comme son père partir ailleurs. Mais comment échapper à ceux qui lui ont permis de manger et d’aller au lycée ? De toute façon les deux amies ont compris dès l’école dans quel milieu elles vivaient, ceux qu’elles côtoyaient s’étant chargés de leur rappeler. Alors Sofia et Antonia grappillent des bribes d’indépendance même si elles épousent des mafieux nécessairement gominés quand ils sont Italiens. Elles s’efforcent de se différencier de leurs mères voire plus quand cela s’avère nécessaire. Elles ne veulent pas ressembler à toutes ces épouses qui défilent toujours enceintes. Naomi Krupitsky nous offre un très beau roman qui a rencontré un joli succès aux États-Unis. Tardivement traduit en français, il devrait trouver de nombreux lecteurs chez nous. Voire de spectateurs parce que cette histoire a toutes les qualités pour devenir un film ou une série.
Qu’en dit Bibliosurf ?
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