En 1939 la Finlande a vingt-deux ans. Avant elle fut suédoise puis russe. Alors quand Staline décide d’annexer ce pays en novembre 1939, officiellement pour créer une zone de protection de Leningrad, le résultat ne fait aucun doute. Un million de soldats rouges contre trois cent mille hommes et cent mille femmes, des chars face à des chevaux, des avions sans opposition dans le ciel : on connaît par avance le vainqueur. Pourtant derrière celui qui allait devenir une légende, le tireur d’élite Simon Häyhä dit « La mort blanche », les Finlandais vont résister à l’enfer de vingt millions d’obus. C’est ce qu’on appellera « La guerre d’hiver » que nous raconte Olivier Norek, un auteur jusque-là réputé pour ses romans policiers. Et ça marche. Ce roman historique, qui s’appuie sur une très riche documentation, est passionnant. Les Finlandais sont en sous-nombre face à l’ennemi, ils n’ont pas assez d’armes, mais ils connaissent les forêts et les marécages. Ils font des miracles avec les cocktails Molotov, les bombes incendiaires dénommées ainsi pour se moquer du ministre des Affaires étrangères de Staline. Ils résistent mieux au climat arctique que les Soviétiques, d’autant mieux que les soldats rouges ne sont pas équipés contre le froid et ne savent pas davantage se déplacer à ski.
Le pays des Mille lacs ne ressortira pas vainqueur de cette guerre, mais il ne sera pas avalé
Et puis il y a la farouche volonté des Finlandais de sauvegarder leur pays que l’on ne retrouve pas chez les envahisseurs. Les Ukrainiens, Mongols, Turcs, Azéris et autres Kazakhs envoyés en masse au front n’ont aucune envie de mourir pour un pouvoir dont ils ne maîtrisent pas toujours la langue. Il leur faut aussi faire avec les commissaires politiques qui se substituent aux militaires pour décider de la stratégie, et qui sont toujours prêts à tirer une balle dans la nuque de ceux qui refusent d’avancer. Officiellement l’Union soviétique ne rencontre aucune résistance, ce qui contraint l’armée à enterrer ses morts dans des fosses communes pour ne pas renvoyer les corps à l’ouest. Le pays des Mille lacs ne ressortira pas vainqueur de cette guerre, mais il ne sera pas avalé. Un motif d’espoir pour les Ukrainiens aujourd’hui ? Les guerriers de l’hiver est une très belle réussite portée par la capacité de son auteur à retenir ses lecteurs. Le livre est en course pour le Goncourt ce qui constituerait une vraie surprise pour un auteur certes déjà couronné, mais uniquement pour des romans policiers. Ce serait une première pour son éditeur Michel Lafon. Assistera-t-on à la revanche de la « noire » face à la « blanche » ?
Qu’en dit Bibliosurf ?
https://www.bibliosurf.com/Les-Guerriers-de-l-Hiver.html
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