Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Mater Dolorosa, Jurica Pavičić, Éditions Agullo

Oct 20, 2024 #Agullo

Ines s’occupe des clients d’une Heritage Residence à Split, un hôtel où chaque saison passent des milliers de touristes de tous les pays, Coréens, Brésiliens, Néerlandais entre autres. Ce que ces étrangers ne savent pas c’est que le bâtiment n’a pas toujours été utilisé pour accueillir ceux qui viennent jouir de la côte dalmate. Avant d’être refait l’immeuble était un grand magasin socialiste. Katja la mère d’Ines a lâché son travail peu après son mariage pour élever sa fille et son fils Mario. Mais depuis la mort de son époux dans un accident de la route Katja, en plus de la tenue du foyer où habitent encore ses enfants, fait le ménage dans une clinique. Zvone est appelé par ses collègues policiers après la découverte d’un cadavre dans l’ancienne usine de PVC. Cette structure industrielle a toujours été détestée par les habitants du coin. Elle leur bouffait le paysage, elle faisait fuir les touristes, et on la soupçonnait de rejets cancérigènes. Une fois arrivé sur le site Zvone comprend l’importance de l’affaire : vingt policiers sont là ainsi qu’un médecin légiste et le procureur. Le cadavre est celui d’une jeune et jolie jeune fille qui semble avoir été tuée au milieu de la nuit. Elle s’appelle Viktorija Zeba et ses papiers attestent que son père est un important notable, directeur de clinique, ancien recteur de la fac.

Les habitants de Split sont nombreux à résider dans des tours construites dans les années soixante

Ce troisième roman de Jurica Pavičić traduit en français reprend beaucoup d’éléments de L’eau rouge, qui l’a fait connaître hors de la Croatie. Mater Dolorosa est un roman noir où s’affrontent une jeune femme, sa mère et un policier autour du thème du mal. Que doit-on faire se demande Pavičić quand on découvre qu’un de nos proches est potentiellement l’auteur d’un meurtre ? Le récit est d’autant plus glauque qu’il se déroule dans un pays qui n’est toujours pas totalement sorti de son passé socialiste. La corruption des politiciens est courante, les policiers sont accusés de torturer des migrants, et les habitants de Split sont nombreux à résider dans des tours construites dans les années soixante quand la ville grossissait frénétiquement. Les parents ou les grands-parents ont bénéficié des logements selon les règles yougoslaves, et les jeunes générations y sont encore. Et si les modes de vie ressemblent de plus en plus à celui des Européens du Nord, les anciens font toujours appel à « Mater Dolorosa », la mère de toutes les mères, quand tout leur échappe. Encore une très belle réussite pour les éditions Agullo, qui de Frédéric Paulin à Jurica Pavičić, proposent quelques-uns des meilleurs auteurs de romans noirs.

Qu’en dit Bibliosurf ?
https://www.bibliosurf.com/?page=q&recherche=mater+dolorosa

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