Il m’a suffi de lire l’exergue de Bastion pour savoir que j’allais adorer ce livre. Et pour cause il est rédigé ainsi : « Ce roman est dédié à tous les électeurs du Parti socialiste. Qu’ils reposent en paix … ». Enfin me suis-je dit, ça a pris du temps, mais on y est. N’allez pourtant pas croire que son auteur serait un certain Jean-Luc M., pas du tout. Cet excellent roman noir a été écrit par un des rares en France qui sait marier les histoires déjantées avec de fines analyses sur notre société. Jacky Schwartzmann nous délivre ici un récit qui devrait nous terrifier, une tentative de prise de pouvoir par ceux qui entourent Éric Zemmour. Certes dans la vraie vie ça ne se passera probablement pas ainsi. Au moins parce que les porte-flingues du « Z » sont trop bas de plafond. Mais n’en doutons pas le fascisme rampant qui se développe en France trouvera d’autres voies pour s’imposer. Alors puisqu’il en est encore temps, profitons-en pour nous moquer de ces obsédés du grand remplacement, de ces nostalgiques de la Bête immonde, en nous régalant de la plume de Schwartzmann. Surtout que vous aurez beau chercher, vous n’en trouverez pas d’autres qui vous feront autant rire sur un tel sujet. Et s’il en reste, que les électeurs du Parti socialiste se rassurent. Le personnage principal du roman qui a choisi Hidalgo à la dernière Présidentielle, est sympathique. Mais comme le lui explique une journaliste de Mediapart, si vous avez aussi voté Hollande en 2012, tout en soutenant aujourd’hui Bernard Cazeneuve, alors vous êtes de droite !
Bernard soutient Zemmour en récoltant des parrainages pour la prochaine Présidentielle
C’est un bâtard en retraite. Un ancien commercial de l’industrie. Celui qui margeait grave pour gonfler la trésorerie de sa boîte. Qui se battait en faisant défiler des slides PowerPoint, qui se lançait dans des joutes à coups de normes ISO 9001. En plus il aimait ça ! Mais maintenant il est retraité, bedonnant et chauve. Il est le mec du restau qui reçoit sur son sexe le faux-filet mariné et ses frites quand l’apprentie serveuse comprend qu’elle n’est pas faite pour ce métier. Or déguster une sauce moutarde avec ses testicules n’a rien d’évident, surtout en public. Jean-Marc Balzan est définitivement un vieux garçon lyonnais. Sans femme, sans enfant, il n’a jamais été fait pour la vie en couple. Sans collègue. Presque sans vie sociale, parce que Bernard est quand même son ami, son frère, depuis la maternelle. Avec lui il a tout fait : les premières cigarettes, les premières gonzesses, les soirées dans les clubs de rencontre quand Bernard a divorcé. Sauf que désormais ça se complique. Alors que Jean-Marc est socialiste tendance mou-du-genou, voilà que Bernard soutient Zemmour en récoltant des parrainages pour la prochaine Présidentielle. Pire il participe à des maraudes nocturnes avec des acolytes au crâne rasé à blanc pour distribuer de la charcuterie à base de porc aux sans-abris. Uniquement aux blancs, sauf bien sûr aux Tchétchènes qui sont à la fois caucasiens et musulmans. Or comme l’explique Valérie la compagne de Bernard, si son homme est indéniablement brillant, il peut aussi être très con. C’est pourquoi elle a demandé à Jean-Marc de le surveiller et de l’accompagner dans ses virées nocturnes.
Les hooligans nazis du Groupama Stadium
Et ça ne sera pas une partie de plaisir, parce qu’on ne voyage pas au sein de l’ultra droite lyonnaise sans prendre des risques. Au bas de la pyramide, il y a ceux qui n’ont jamais entraperçu l’échelle sociale, ou alors qui sont restés devant son premier barreau. Ceux-là sont capables de monter une escroquerie aux changements de fenêtres en ne s’attaquant qu’aux Arabes et qu’aux Noirs. Manque de chance les populations des cités issues de l’immigration ne sont jamais propriétaires. Dans les mêmes niveaux, certains se sont spécialisés dans la pratique du stock-car avec une seule règle : aucune règle. Il y a aussi les hooligans nazis du Groupama Stadium. À Lyon on a également droit aux élèves de l’Issep l’école de Marion Maréchal, mais comme les formations ne sont pas reconnues il ne sont pas nombreux. En haut de la pyramide trônent des chefs d’entreprise qui arborent les clefs de leur Porsche Panamera et leur pilosité agrémentée d’une chaîne en or de mafieux. Des mecs devenus cons à force de ne côtoyer que des larbins. Alors comme l’argent du trafic de drogue ne manque pas dans la capitale des Gaules, autant regarder où on met les pieds.
Qu’en dit Bibliosurf ?
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