Coup double, découverte d’un auteur et d’un éditeur. Jérôme Bonnetto écrivain niçois qui vit à Prague, déjà six livres au compteur et un septième annoncé. Inculte une maison d’édition née en 2004 aujourd’hui distribuée par Actes Sud. L’ensemble donne une belle réussite, un roman sur l’affrontement d’un homme et de ceux qui ont le pouvoir dans un village des Alpes méditerranéennes. Nous sommes à Ségurian à portée de main des cyprès et des olives. Guillaume est revenu chez ses parents Jacques et Catherine qu’il avait quittés sans prévenir quelques années avant. C’est un adulte maintenant. Il était en Afrique avec une ONG pour poser des mini stations d’épuration. Lui qui a grandi en ville, il veut vivre ici, dans la bergerie qu’il imagine entre moutons et chèvres. À Ségurian, il y a 100 chasseurs sur 400 habitants, avec à leur tête Joseph Anfosso celui qui dirige l’entreprise de construction. Derrière eux, il y a en plus le boucher, l’électricien, la crémière, le cul de la crémière, et tous ceux qui comptent dans le village. Ce que les chasseurs aiment c’est traquer le sanglier et à la fin traiter l’animal de salaud s’il a bien résisté ou de pédé s’il a succombé trop vite. En ce 24 août jour de Saint-Barthélemy, de fête au village, de soupe au pistou dans les rues, de danses et de boissons, Guillaume Levasseur prépare sa première nuit dans sa bergerie. Il l’a construite de ses mains en montant les matériaux sur son dos. C’est en voyant les 50 brebis que Joseph Anfosso comprend qu’elles vont les gêner. Alors il dit à Guillaume qu’il n’y a pas que des bons fusils à Ségurian et qu’un accident est vite arrivé. Mais le berger a le droit pour lui et en plus il est lui-même chasseur.
Nos anciens ont payé pour ce mode de vie. Ils ont résisté, tué des Allemands alors dégage.
La certitude des pierres est un roman noir où la tension ne cesse de monter. On est bien loin des enquêtes du commissaire Laviolette de Pierre Magnan qui sévissait à Manosque. La certitude des pierres c’est l’affrontement d’un homme différent qui n’a pas sa place dans une société rurale traditionnelle. Ici pas de loups pour menacer le pastoralisme mais des hommes et leurs chiens. Pas de règles écrites mais des coutumes qu’il convient de ne pas remettre en question. Pourtant elles sont vastes ces montagnes où nul ne s’aventure. Sauf le dimanche en saison de chasse, et ça impossible de le lâcher. On est chez nous, on a toujours fait comme ça. Nos anciens ont payé pour ce mode de vie. Ils ont résisté, tué des Allemands alors dégage. Ni le maire ni les gendarmes ne veulent s’en mêler, d’autant que le chef des chasseurs est aussi celui qui fait vivre les villageois. Ceux qui feignent de l’ignorer auront toujours la plus mauvaise baguette à la boulangerie. Ils ne seront jamais acceptés. Guillaume n’a pour appui que ses parents et son ami Nicolas l’apiculteur qui a déjà eu quelques ruches saccagées. Mais Guillaume est rude et fier. Lui qui a grandi en ville apprend à s’occuper des bêtes, à les sélectionner, à les tondre. Il sait aussi parler au contraire des chasseurs qui peinent à s’exprimer autrement que par la force. Guillaume a un autre atout, le fils de Joseph Anfosso à qui il prête sa moto. Et puis l’institutrice ne demande qu’à vivre avec lui. Reste à savoir si cela sera suffisant.