Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Au moins il ne pleut pas, Paula Jacques, Éditions Gallimard

Juil 8, 2016 #Gallimard

Lola et son jeune frère Solly sont orphelins suite à l’accident de voiture de leurs parents au Caire. Ils arrivent à Haïfa sur le Macedonia pendant l’hiver 1959 quand les Juifs sont expulsés d’Égypte. Seuls car leurs oncles et tantes ont autre chose à faire que de s’occuper d’eux. De peur d’être séparés par l’Agence juive qui gère les rapatriements en terre promise, Lola et Solly s’échappent. Ils sont recueillis dans une maison du quartier pauvre de Wadi Salib dévolu aux immigrants marocains. Ici habite Georgie, un jeune voyou qui fricote sur le port pour gagner sa vie. Et surtout deux femmes rescapées de Ravensbruck. Magda et son amie Ruthie que tout semble opposer. Expansive et chaleureuse, Magda prend les deux adolescents sous son aile alors que Ruthie est froide, presque désagréable. Sauf quand elle se met au piano. Magda est la fille d’un modeste tailleur alsacien qui passa sa vie à attendre le Messie avant de finir avec sa famille à Auschwitz. Ruthie vient de la haute bourgeoise bruxelloise, des fabricants de porcelaine. « Le problème avec ces gens-là, les Juifs au cul bordé de nouilles, c’était de se croire protégés par leur compte en banque ». Elles se sont croisées dans ce qui fut un des seuls camps de concentration réservé aux femmes. Où Magda réussit à extirper de la mort et de la folie Ruthie. À la préserver des kapos qui vous envoyaient au centre de tri, l’antichambre des crématoires. Et des autres détenues qui s’entretuaient pour une épluchure de patate gelée. Bien que le plus jeune de la fratrie, Solly est celui qui prend le plus vite ses marques en s’acoquinant avec Georgie avec qui il monte de petites arnaques. Lola vit dans ses livres et ne s’en échappe qu’en poursuivant sa scolarité, apprenant l’hébreu et rêvant de devenir un jour écrivain. Le roman de Paula Jacques est en partie autonaques. Lola vit dans ses livres et ne s’en échappe qu’en poursuivant sa scolarité, apprenant l’hébreu et rêvant de devenir un jour écrivain. Le roman de Paula Jacques est en partie autobiographique. Il nous narre les difficultés d’un pays en construction. Le conflit entre les Ashkénazes qui le dirigent et les Sépharades considérés comme des citoyens de seconde zone. Le bouleversement que constitue l’arrestation d’Adolf Eichmann, un des penseurs et acteurs de la Solution finale. Parce que son procès va faire remonter à la surface une partie de l’Holocauste que les Israéliens avaient occultée. Le roman est aussi celui des odeurs, des parfums et des mets qui ont peuplé la jeunesse de Paula Jacques : boulettes de poisson, thé à la menthe, orangers, citronniers, grenadiers et lauriers en fleurs.

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