Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Berezina, Sylvain Tesson, Éditions Gallimard

Avr 10, 2016 #Gallimard

Sylvain Tesson aime les voyages et la Russie. Cela l’a conduit sur les rives du lac Baïkal dans un séjour de plusieurs mois relaté Dans les forêts de Sibérie. Cela l’a aussi amené à revivre en 2012 la retraite de Russie 200 ans après la boucherie des soldats de Napoléon. Point de marche au cul des chevaux cette fois, mais un voyage au guidon de trois Oural. Cette moto attelée fut construite en Union soviétique peu avant la Seconde guerre mondiale comme copie des flat-tween BMW. Elle n’a guère évolué depuis, demeurant imperméable à toute électronique mais n’est pas devenue fiable pour autant. Car si l’Union soviétique avait produit quelque objet d’un quelconque intérêt autre que de l’armement et de la vodka, le mur de Berlin aurait résisté plus longtemps. Peu importe donc que nos trois motos plafonnent à 80 km/h chargées, c’est bien assez pour leur tenue de route. Et vu l’immensité des plaines russes, il faut de toute façon du temps pour se rapprocher de l’horizon. Histoire de mieux revivre les tourments frigorifiques de la grande Armée, Sylvain Tesson et ses deux compatriotes tout aussi russophiles Cédric Gras et Thomas Goysque, ont choisi de partir de Moscou le 03 décembre. Un bon moyen de goûter au froid qui avait décimé les soldats de Napoléon. Un obstacle insuffisant pour arrêter les trois Français et leurs deux compagnons russes Vassili et Vatily. Les side-cars meurent mais ne se rendent pas. Nonobstant les flots de camions, ils progressent de lieux de batailles en succession de boucheries. Défilent Borodino, Smolensk, la Berezina, Vilnius, Varsovie. La Russie, la Biélorussie, la Lituanie et la Pologne. Autant de lieux où l’armée russe, les Cosaques avaient moins nui à l’armée française que le thermomètre, la faim et le typhus. Poussant les soldats à manger les dernières carnes encore vivantes voire au cannibalisme. Malgré leurs difficultés climatiques et mécaniques, les trois side-cars arriveront dans la cour des Invalides devant la statue de Napoléon.

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