Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Vernon Subutex, (tome 1) Virginie Despentes, Éditions Grasset

Avr 8, 2016 #Grasset

C’est un drôle de nom qui fait penser à un médicament. Et il en aurait bien eu besoin Vernon, l’ancien disquaire de Revolver sur qui s’accumulent tous les malheurs la quarantaine venue. Son magasin ferme alors qu’il n’avait laissé les clefs de cette boutique reprise à son patron que trois fois en vingt-cinq ans. Pour une grippe intestinale, un implant dentaire et une sciatique. Mais faute de clients, Vernon baisse une dernière fois le rideau de fer de ce haut lieu du rock. Il commence par vendre le fonds sur eBay, touche puis perd le RSA et passe en mode survie. Il réduit encore un peu plus ses dépenses, ne voit plus personne, délaisse les femmes alors que le sexe est une composante intrinsèque du rock. Ce n’est pas Ian Dury qui nous dira le contraire. Arrivent l’huissier accompagné du serrurier qui le mettent hors de son logement faute d’avoir payé son loyer depuis bien longtemps. Fort d’un carnet d’adresses bien fourni, vestige de temps plus glorieux, Vernon se fait héberger pour quelques jours prétextant être de passage en provenance du Canada. Beaucoup de ses connaissances trouvent en Vernon un moyen de commémorer la mort d’Alex Bleach, ex-chanteur de rock mort récemment d’une overdose. Commence alors l’incroyable défilé de personnages tous plus hallucinés les uns que les autres. Anciennes stars du porno, travestis, scénaristes en quête du succès qui n’est jamais arrivé, producteur âpre au gain ou groupie en rut qui ne laisse pas un instant de répit à Vernon. Ça fume, ça sniffe, ça se mélange dans tous les sens, ça couine. Le rock, le vrai est de retour. On peut détester l’écriture de Virginie Despentes, célébrissime auteure de Baise-moi. On peut la trouver vulgaire, considérer qu’elle écrit comme elle parle. Mais on peut l’adorer pour les mêmes raisons et rêver de parler comme elle écrit. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne laisse personne indifférent. Essayez et vous risquez de vous régaler, d’éclater de rire devant un débit sans fin, qui ose sans jamais se forcer. Profitez de ces jeunes qui veulent « des guerrières, des bêtes de sexe, des meufs bâties comme des créatures de rêve, qui veulent du rock’n’roll et des chiennasses qui ne pensent qu’à ça, qui veulent des bombasses, des pécheresses averties et des amazones qu’on soumet au pieu ». Et qu’on ne vienne pas nous parler de machisme, Virginie Despentes est une femme. De toute façon on en redemande.
À suivre.

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