Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

La meute, Thomas Bronnec, Éditions Les Arènes

Nov 6, 2019 #Les Arènes

« Ce roman est une œuvre de fiction». C’est Thomas Bronnec qui nous le dit. L’information est bonne à prendre parce qu’on aurait eu tendance à se projeter vers la réalité en le lisant. Comprenez. Dans ce troisième volet de ce que son éditeur appelle « l’exploration des élites françaises », Bronnec nous raconte l’histoire d’un ancien président de la République, un socialiste prénommé François qui cherche à revenir aux affaires. Pas pour lui bien sûr, pour le bien du pays qu’il a notoirement plongé dans la mouise en acceptant un référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne. Un coup de poker pour déstabiliser la responsable de la droite qui lui a succédé en s’alliant au Rassemblement national. Et que croyez-vous qu’il arrivât ? Les Français votèrent pour le Frexit. Le vrai, le total avec sortie de l’euro. On retrouve François Gaborit au début du roman dans un meeting à Luxeuil dans les Vosges où il a décidé d’entamer sa reconquête du pouvoir. Sincèrement, on n’a rien contre les Luxoviens, mais il faut avoir les crocs pour commencer une campagne en leur rendant visite. D’autant plus que le chemin s’annonce long et pénible, à en croire les sondages. Mais Gaborit croit en lui. Il ne sait de toute façon rien faire d’autre que de la politique. De la politique et tout ce qui va avec quand on en a atteint les plus hauts sommets, à savoir consommer les femmes qui l’entourent. Avec l’âge, l’appétit s’est peut-être calmé mais ça fonctionne encore. Cela a été sa force et cela va devenir sa faiblesse quand surgit des réseaux sociaux une rumeur qui va tout emporter : Gaborit serait un pervers qui aurait transformé le Fort de Brégançon en lupanar peuplé de mineures. Que faire face à cet ennemi qui avance masqué et que l’on ne peut pas combattre ? Que vaut un meeting à Luxeuil face aux fake news ou du moins ce que l’on qualifie ainsi ? D’autant que Gaborit a d’autres adversaires, à commencer par Claire Bontems la nouvelle égérie de la gauche, la vraie, celle qui ne s’est pas compromise avec le pouvoir. Sans compter sa propre sœur qui lui vaut une haine tenace et qui est la principale conseillère de Bontems. Après Les Initiés puis En pays conquis, La Meute est une vraie réussite qui vous fait froid dans le dos. L’histoire est crue ainsi que parfaitement crédible. Elle montre les connivences de la presse et du pouvoir, l’attrait de la société pour une transparence totale de la vie publique, au risque d’oublier que sans respect de la vie privée on n’est pas loin de la fin de la démocratie. Elle vaut beaucoup par ses principaux personnages. Gaborit, complètement déconnecté de la vie quotidienne tant il a été biberonné aux avantages depuis sa jeunesse. Bontems, jeune femme prête à beaucoup pour faire triompher ses idées et sans doute plus pour vaincre ses démons personnels. Et tous ceux qui vont avec. Grégoire Castelli, jeune conseiller en communication qui a préféré demeurer fidèle à son parti plutôt que d’aller s’enrichir dans le privé. Sans parler de la presse qui n’en ressort pas grandie. Heureusement, ce n’est qu’un roman.

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