Fausse nouvelle. Contrairement à ce qui a été annoncé plus haut, La mélancolie des loups n’est pas un polar mais un thriller. Qu’est-ce que ça change ? Pas grand-chose si ce n’est qu’il n’y a pas dans ce roman de crime à élucider mais plutôt une atmosphère inquiétante dont certains personnages ne semblent pas pouvoir sortir. Le plus important n’est toutefois pas là. Le plus important est que ce premier roman de François Roux est fort bien écrit. Et qu’on se demande pourquoi il n’a pas eu plus de succès tant on a envie de poursuivre sa lecture dès qu’on l’a entamé. L’histoire débute dans une casse où trône Ucello Amico. Mais pas de crasse, de cambouis ni de cotte pour Amico. Le personnage, obèse, est plutôt du genre à péter dans la soie, le luxe et les tableaux accrochés dans son somptueux appartement du VIIe arrondissement. Tout le contraire de Benoît Fersen, modeste employé qui réside dans sa lointaine banlieue nord desservie par le RER B. Des métiers, Benoît en a fait plein au point que son CV ressemblerait aux Pages jaunes. Il est pour l’instant livreur chez Barboton, un traiteur pour clients friqués qui aiment les truffes, le caviar Beluga et les pâtes à l’encre de poulpe. Voyez comme cela tombe bien. Amico est justement une des personnes qui se fournit chez Barboton. Ou plutôt qui se faire livrer par Barboton et c’est Benoît qui s’y colle. Manquent encore dans l’exposition des personnages leurs femmes respectives : Louisa Amico et Juliette la compagne de Benoît. Le hasard n’existant pas dans les romans, ou si peu, on se doute qu’Amico tire les ficelles de toute l’histoire. Qu’il va utiliser l’appétit de Benoît pour une vie meilleure, lassé qu’il est de vivre au 40e étage de sa tour de lointaine banlieue. On comprend vite que les grues et autres outils monstrueux de sa casse ne sont pas les seules sources de sa richesse qui lui a permis d’acquérir une magnifique collection de tableaux. Mais est-il sans danger de tirer les ficelles censées faire avancer les pantins ?