Un roman policier, un roman d’espionnage, un roman historique profondément marqué par le passage de Joseph Bialot à Auschwitz comme une grande partie de l’œuvre de cet écrivain. Le titre fait d’ailleurs référence aux 186 marches taillées dans la pierre d’une carrière du camp de Mathausen que tant d’Espagnols ont parcouru en courant jusqu’à la mort. Personnage principal du livre, Bert Waldeck y est passé comme il est passé à Dachau, dans les tunnels de Dora où furent assemblés les V2 de Wernher von Braun ainsi que dans la baie de Lübeck. C’est d’ailleurs dans la Baltique que commence le roman le 3 mai 1945. Waldeck a été placé avec d’autres prisonniers dans les cales du Cap Arcona, un des fleurons de la flotte commerciale nazie sachant que le navire allait être bombardé par les Anglais. Les rescapés des Lager ont donc le choix de mourir noyés ou brûlés par le pétrole en feu qui se répand sur l’eau. Bert Waldeck s’en sort. Il est recueilli par Doug Mayen un officier américain. Non par compassion mais parce que Waldeck a côtoyé Hans Steiner, un capitaine SS recherché comme criminel de guerre. D’abord dans son enfance puis comme prisonnier car Bert Waldeck a été interné à Dachau dès 1933 en tant qu’opposant au régime. Ancien flic berlinois, il est susceptible d’aider l’armée américaine à retrouver Steiner dans les ruines de l’ex-capitale du Reich. Cela nous vaut une description apocalyptique d’une ville en ruine où les habitants se terrent au milieu des rats. Les femmes étant comme toujours les plus maltraitées car les soldats soviétiques se sont servis en arrivant les premiers dans la ville. 20 millions de morts donnent quand même droit à user de son privilège de vainqueur. Outre la description du monde nazi qui nous amène jusqu’aux plaines de l’Ukraine, la recherche de Steiner vaut d’innombrables romans policiers car entre Américains, Russes et anciens Nazis, il ne fait pas bon vivre à Berlin à cette époque.