Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Le salon du prêt-à-saigner, Joseph Bialot, Éditions Gallimard

Jan 1, 2018 #Gallimard

Paris, fin des années 70. Vous êtes dans le Sentier, du côté de la rue éponyme et de la rue d’Aboukir. Le royaume de la fripe et des putes. Ça grouille, ça s’agite. Camionnettes et taxis déversent la came que les commerçants viendront chercher pour leur réassort. Ici, l’activité s’articule autour de trois journées : le Grand Pardon et les deux salons du Prêt-à-porter. Les Séfarades de Salonique ont créé le lieu avant d’être remplacés par les Ashkénazes à la Libération puis par les Séfarades d’Afrique du Nord après la guerre d’Algérie. La sous-traitance en cascade a fait du Sentier la première usine textile d’Europe avec ses artisans qui viennent désormais d’un peu partout, du bassin méditerranéen certes mais aussi de l’Asie. La découverte d’un premier cadavre, une jeune et jolie femme Passage du Caire, ne trouble pas l’activité. Mais un second est trouvé dans la foulée rue du Caire. Un corps déchiqueté comme le précédent, avec un couteau, un rasoir ou des ciseaux. Et les ciseaux ça ne manque pas dans le Sentier. Deux meurtres coup sur coup en plein Paris, c’est bien assez pour que la presse s’emballe du Figaro qui dénonce « Le Bolchevik au couteau entre les dents » à France Soir qui fait sa une avec « La nuit des longs couteaux ». On préférera toutefois Charlie Hebdo qui recommanda de « se le foutre au cul » et le Front homosexuel d’action révolutionnaire qui annonça « Qu’on pouvait tout faire avec un couteau, sauf s’asseoir dessus ». Comme quoi des goûts et des couleurs… La police est sur les dents mais la série se poursuit y compris en banlieue. Un bidonville flambe. Une sympathique famille turque qui travaillait pour le Sentier, en toute légalité cela va sans dire, n’échappe que partiellement à la mort. Car deux nouveaux cadavres sont retrouvés dans les décombres. Que pourraient comprendre les policiers à cette micro-société qui scelle ses accords avec un verre d’ouzo, de raki ou de slibowitz ? Comment remonter la piste des tueurs quand personne ne respecte la légalité ? Que comprendre au racket qui se fait jour dans le Sentier ? Le commissaire Faidherbe et son équipe pensent avoir une piste quand ils découvrent dans l’appartement d’une styliste des photos compromettantes. Ce n’est pas parce qu’on fabrique des fringues qu’on ne prend pas plaisir à les enlever. Il vaudrait pourtant mieux que l’enquête avance car Mustafa le patriarche turc n’a qu’une idée en tête : venger sa famille. Josip Vissarianovitch, citoyen yougoslave le sait et pense avoir les moyens de se défendre. Mais le danger ne vient pas toujours d’où on l’avait imaginé.

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