Raconter sa propre histoire dans un roman. Vieux principe narratif que Joseph Bialot utilise dans ce petit livre qui se déroule entre Auschwitz et Paris. L’histoire est romancée parce qu’Alex quitte ici le camp vers l’ouest en prenant part à la marche funeste imposée par les Nazis. Bialot y a échappé car il a été libéré par les Russes avant de regagner la France via Odessa. Alex est récupéré par les Américains entièrement amnésique. Il est remis à l’armée française qui l’envoie à l’hôpital de Metz. Alex n’est pas son vrai nom, car il ne se souvient de rien. On le lui a attribué en attendant qu’il recouvre la mémoire. Ce sera long mais il est pris en main par un psychiatre qui utilise du penthotal pour accélérer le processus. L’amour d’Agnès, une infirmière, va aussi l’aider. Alex est passé par Auschwitz comme en atteste son tatouage. Mais ses premiers souvenirs le ramènent à Majdanek où Bialot n’a jamais été. Il se souvient peu à peu de son évacuation vers Auschwitz. Un repli effectué par les Nazis devant l’avancée des Russes à l’été 1943. La mémoire partiellement retrouvée, Alex suit Agnès à Paris. Cela nous vaut une description du retour des déportés qui passaient tous par l’hôtel Lutetia. Et par celle de l’obsession des Parisiens, la faim car le marché noir avait encore cours. Le titre du roman fait allusion à ces stations de métro fermées pendant la guerre comme celle de Saint-martin qu’Alex cherche désespérément. Ses retrouvailles avec sa famille sont proches de ce que Joseph Bialot a personnellement vécu. Les pages consacrées aux camps sont ici parmi les plus dures que Bialot ait écrites. Il se permet quand même un peu d’humour noir en déclarant que les autoroutes sont le seul point positif du régime hitlérien. Avant d’ajouter : « Est-ce que cela valait 50 millions de morts ? »