Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

La chute des princes, Robert Goolrick, Éditions Éditions Anne Carrière

Avr 5, 2016 #Anne Carrière

New York années quatre-vingt. Rooney se vautre dans la folie ambiante. Celle du fric qui coule à flots autour de Wall Street. Des rails de coke qu’on accumule à en construire une ligne TGV. De l’alcool qui vous imbibe dès le lever. Des fêtes à n’en plus finir où on enfile tout ce qui passe à proximité, hommes ou femmes peu importe. Et pour cause, Rooney a été embauché par la Firme à la suite d’une course d’obstacles d’où seuls les plus forts émergent. Presque exclusivement des hommes qui se surnomment les BSD pour Big Winging Dicks, « les Grosses Bites qui se la pètent ». Une seule consigne : faire toujours plus de blé. Une seule manière : en profiter un maximum pour peu que l’on arrive frais et dispos le matin au bureau. Fût-ce au prix de quelques cures de désintoxication pour repartir du bon pied. Ils ne se privent donc de rien, accumulant les costumes italiens sur-mesure, les chemises en coton longue-soie de Géorgie, les voitures les plus chères, les repas dans les restaurants aux tarifs hallucinants. Ils peuvent le faire puisque la prime de fin d’année est payée en yard, c’est-à-dire en millions de dollars. Mais les meilleures et les pires des histoires ont toujours une fin. Pour un jeune collègue, c’est la crise cardiaque. Mort d’épuisement. Pour un autre, c’est la défenestration faute de pouvoir assumer son homosexualité ainsi que le sida qui vient de faire son apparition. Une saleté de maladie qui en plus de tuer fout la pétoche à tout le monde. Au point que même le service de sécurité n’ose pas toucher les chaussures que le suicidé a laissées dans son bureau. Pour Rooney, la fin est plus ordinaire. Il se fait débarquer par son patron. Plus assez rentable sans doute. Dans la journée, sa femme Carmela qu’il aime, demande le divorce en y mettant les formes. Après avoir vidé les comptes communs, elle le dépouille de presque tout. Sauf de sa garde-robe transalpine. Ce roman est en grande partie autobiographique, car Goolrick a fréquenté ces milieux dans sa vie professionnelle. Pas comme financier mais dans une agence de publicité. Il s’est longuement reconstruit en écrivant des romans. Rooney lui aussi met du temps à atterrir. Il réintègre un vieux studio où entre crasse et rats il attend le coup de fil d’un employeur. En vain. Il retrouve néanmoins une personne qui lui dit son amour avant d’intégrer une librairie comme vendeur. Pour le bonheur, il va quand même falloir patienter.

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