Leïla Slimani est une jeune écrivaine talentueuse et pressée. Elle rencontre le succès à 33 ans dès son premier roman, Dans le jardin de l’ogre. Elle récidive avec le second, Chanson douce, qui lui vaut le prix Goncourt 2017. Avec toujours le même talent dans sa description des femmes qui semblent vouées au malheur. Il ne s’agit plus cette fois de décrire la douleur d’une femme qui ne parvient pas à sortir de sa nymphomanie mais de raconter les rapports d’une nounou et de ses employeurs. Louise est une perle. C’est ce qu’explique son ancienne patronne à Myriam qui cherche à faire garder ses jeunes enfants Mila et Adam. Myriam ne sera pas déçue. Louise est non seulement adorée des enfants mais elle est aussi une fée du logis. Embauchée comme nounou, elle range, nettoie le petit appartement parisien, ressort des placards et remet en état les vêtements oubliés parce qu’il leur manquait un bouton. Elle est aussi une merveilleuse cuisinière dont profitent Paul et Myriam ainsi que leurs invités qui n’ont jamais été si nombreux. Louise permet aussi à Myriam de rentrer tard sans culpabiliser de son cabinet d’avocats quand elle reprend son travail. Parce qu’elle leur est devenue indispensable, les deux parents proposent d’emmener Louise en vacances dans l’île de Sifnos au large d’Athènes. Elle dort dans la chambre des enfants qui ne demandent que ça. La famille découvre que Louise ne sait pas nager. Aucune importance, Paul lui apprend. De retour à Paris, Louise reprend sa place arrivant tôt le matin de sa banlieue. Le logement parisien est devenu son second foyer tant elle est pressée de quitter son lugubre studio de Créteil. Elle doit pourtant s’en contenter après la mort de Jacques qui ne lui a laissé que des dettes. Ainsi qu’une grande fille, Stéphanie qui lui cause bien des soucis. Petit à petit, Paul et Myriam prennent Louise en grippe. Leur nounou leur reproche de jeter des vêtements encore utilisables ou de la nourriture dont la date de péremption est dépassée. Louise le ressent peu à peu même si on ne lui dit pas encore. Elle est redevenue une simple employée comme lorsque les Rouvier préféraient ne plus l’emmener avec sa fille dans leur maison de campagne et qu’elle disait à Stéphanie « de ne pas donner l’impression de trop en profiter » de peur que ses patrons le prennent mal. La catastrophe se précise pour Louise qui n’a plus les moyens de payer son appartement devenu un taudis tant il est ancien. Louise est contrainte de se doucher en cachette chez Paul et Myriam. Elle est aussi pourchassée par le fisc qui demande à Paul d’effectuer des saisies sur son salaire. Louise est privée de vie sociale, parce qu’elle ne souhaite pas se rapprocher des autres nounous qu’elle côtoie au square. L’irréparable se rapproche.