Envie d’une petite promenade ? Alors suivez Axel Kahn dans sa traversée de la France à pied, effectuée en 2013 des Ardennes au Pays basque. Kahn est un généticien renommé, habitué des médias, qui fut jusqu’en 2011 président de l’université Paris-Descartes. Plutôt que de solliciter un nouveau mandat de deux ans, il choisit à 67 balais de se consacrer à un vieux projet : parcourir la France en marchant. Axel Kahn l’a fait en montagne des années durant, mais sa décision fait suite à une rencontre dans les monts du Puy-de-Dôme. Celle d’un très vieux monsieur découvert sur un chemin enveloppé d’une couverture de survie, allongé à côté de ses cannes anglaises. Interrogé pour savoir ce qu’il faisait là, l’homme répondit : « Parce que selon vous, je devrais être en hospice en attendant qu’on me passe le pistolet et le bassin ? Chacun choisit sa vie, je l’ai fait ». Kahn le fait en optant pour une diagonale l’amenant du Nord-Est au Sud-Ouest avec comme points de passage obligés : visiter sa propriété champenoise pour s’occuper de ses chevaux, saluer son frère Jean-François dans l’Yonne, voir sa fille dans l’Allier, atteindre Le Puy-en-Velay avant d’obliquer vers le Pays basque par les chemins menant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Au printemps 2013, il est prêt quand il est renversé par un cycliste. Fracture probable du poignet qu’il se refuse à admettre. Méfiez-vous des cyclistes. Axel Kahn débute son périple en mai à Givet dans les Ardennes. Un territoire qui réunit deux éléments qui ne le quitteront plus pendant plusieurs semaines : la pluie et la rencontre avec les désastres industriels. Pour dormir, pas de difficultés, car il a délaissé la tente pour l’hôtel et les gîtes. Mais manger son sandwich le midi sous des trompes d’eau le lasse assez vite et le pousse à se réfugier sous les abribus en attendant une invitation qui ne vient jamais. Quant aux conséquences de la disparition de l’industrie, il ne cesse d’en visualiser les conséquences en croisant une population désabusée, qui perd ses services publics et tout sentiment de lien social. C’est particulièrement vrai au début de son parcours. Malgré la pluie, le froid, Kahn avance, s’émerveille sur ce que lui réserve les paysages, même s’il déplore l’envahissement du Morvan par les douglas. Une espèce introduite pour la rapidité de sa récolte, à peine 40 ans, mais qui colonise la biodiversité autochtone. Il agrémente son voyage de rencontres et de conférences le soir, car l’homme aime visiblement discourir. Axel Kahn change d’environnement en arrivant dans l’Allier où le soleil pointe enfin son nez. Il ne le quittera presque plus jusqu’à la fin de son périple. Le livre accorde une large place à la description du patrimoine des lieux qu’il visite. Une place peut-être trop importante, mais qui n’empêche pas de bien saisir la diversité de la France qu’il parcourt.