Surbooké

Le blog de Laurent Bisault

Rose Royal, Nicolas Mathieu, Éditions IN8

Fév 24, 2020 #IN8

Un tout petit bouquin, 77 pages avec de gros caractères. Davantage une longue nouvelle policière qu’un roman. Mais un grand livre, très noir comme on en écrivait en France dans les années quatre-vingt. Tout sauf un hasard car l’éditeur de Nicolas Mathieu est pour son troisième bouquin Marc Villard, lui-même auteur de polars à l’époque. Et des sacrément bons. Après Aux animaux la guerre et Les enfants après eux, Rose Royal est une vraie réussite. On peut juste s’étonner que sa sortie ait été aussi discrète sachant que Les enfants après eux avait eu il y a un an le Goncourt. La récente addiction de La république en marche pour le livre primé, qui serait devenu selon Le Monde « Le roman social de ces dernières années », changera peut-être la donne. Nicolas Mathieu nous conte ici l’histoire de Rose, la cinquantaine, qui en a soupé des mecs qui lui ont fait mal. Après son divorce, ses enfants élevés, ses quelques coups vite faits mal faits, l’ont convaincue de ne pas y revenir. Alors Rose prend du bon temps le soir avec sa copine Marie-Jeanne en buvant dans leur bar favori. Pourtant Rose s’aime bien, surtout ses jambes. Mais son visage commence quand même à faire son âge. Une nuit Luc débarque dans le rade portant un chien qui vient de se faire écraser. Pour mettre fin à l’agonie de la bête Rose sort son revolver de son sac et l’utilise. Non qu’elle ait l’habitude de s’en servir, mais elle se l’est procuré après un ultime incident avec son dernier mec. Car la vie de Rose est comme ça. Toujours avec des types qui une fois dépassés ne pensaient plus qu’à cogner. Rose et Luc sont amenés à se revoir, prenant leur temps histoire de tester leurs affinités dans les boissons. La position allongée viendra plus tard, beaucoup plus tard. Pas vraiment une réussite, parce que Luc aussi a eu une existence cabossée. Entre-temps, Rose aura abandonné son logement pour s’installer dans la grande bâtisse de Luc, avant de lâcher son travail, séduite par l’Audi Q6 et tout le confort de sa nouvelle existence. Elle qui s’était bien juré de ne jamais replonger se retrouve en couple, abandonnant le je pour le nous. En théorie une belle idée mais peut-on refaire sa vie à cinquante ans après autant d’échecs ? On vous donne quand même un indice : nous sommes dans un roman noir. Et un bon.

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