Quatrième volet des Chroniques de la place carrée de Tristan Saule qui nous racontent la vie d’une petite ville de province. Elles prennent la forme de romans noirs, une catégorie littéraire qui ici tient autant du roman social que de l’enquête policière. Le projet de l’auteur, libraire à Auxerre est de sortir dix chroniques, ce qu’il fait depuis 2021 à un rythme d’une parution par an. Le premier volume Mathilde ne dit rien, que l’on retrouvera sur ce blog, était une très belle réussite. Et puis on aura vu la mer est tout aussi plaisant. Le principe des chroniques est de raconter la vie de ceux qui habitent ou se retrouvent sur la place carrée à Monzelle, un lieu bordé de tours. La singularité de la saga est qu’elle suit l’actualité. Les Gilets jaunes dans le premier volume, la guerre en Ukraine pour la dernière parution. Les temps changent mais les difficultés des personnages perdurent. Ils manquent d’argent, de travail, et sont confrontés à la petite délinquance. Heureusement la solidarité tient bon. Elle s’incarne dans des personnages féminins qui travaillent dans le social, et qui font preuve d’une grande générosité en dehors de leur métier. C’était Mathilde qui bossait au service de l’Aide sociale au sein du conseil général dans le premier volume. Sabrina lui succède dans le tome 4. Elle est agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (Atsem) et tient à bout de bras son entourage familial. Ses deux fils qu’elle élève seule et un de ses anciens maris. Nous sommes en 2022 quelques jours avant la présidentielle et dans la petite cité on n’en parle pas beaucoup. Il y a tant à faire. Virer les dealers qui se battent pour conquérir le territoire. Faire réparer la voiture, éduquer au mieux les enfants, laver le linge, le repasser, passer chez Aldi faire les courses. Autant de tâches dont les femmes s’emparent contraintes et forcées, munies de leur courage et de leur empathie. Tristan Saule nous en fait profiter dans un portrait d’une France anonyme qui croit encore qu’elle pourra s’en sortir.
Entre l’école et le périscolaire elle se tape des journées de dix heures non négociables
Elle dévale l’escalier, sort de l’immeuble, et court dans la rue pour leur échapper. Iryna sait que grâce à son passeport ukrainien les trains français ne lui coûteront rien. Alors elle fonce vers la gare. Sabrina commence à travailler bien avant que ne débute la classe et finit à dix-sept heures. Entre l’école et le périscolaire elle se tape des journées de dix heures non négociables. Comme ses quatre collègues Sabrina accueille, surveille, nourrit, torche, entoure les enfants. Y compris ceux qui comme Nestor sont quasi-autistes et devraient bénéficier d’un accompagnement spécifique. Mais Nestor n’ayant pas été diagnostiqué c’est aux Atsem de s’en occuper. Un soir Sabrina doit récupérer à la gare Estéban son fils de quinze ans qui vient d’être renvoyé de son lycée pour avoir été choppé avec du shit. C’est là qu’elle repère une jeune femme blonde qui vomit à quatre pattes. Elle a des hématomes sur le visage. Sabrina l’amène chez elle, la couche dans la chambre d’Estéban. Elle découvre alors que le passeport de la jeune femme est ukrainien et qu’elle s’appelle Iryna Kravchenko. Iryna n’est pas pour autant en sécurité car en bas des deux tours, sur la dalle, Viktor et Alexeï la cherchent.
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« Bonjour Laurent et merci beaucoup pour votre lecture et merci plus encore pour avoir pris la peine d’en parler sur votre blog. Excellente journée à vous »
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