Mano s’est installée dans un village paumé où elle a rencontré John. Le vieil anglais vit dans un bout de ferme . Il fabrique des bijoux en argent à partir de couverts chinés dans les vide-greniers. Il contribue à la communauté rurale où l’on tente de s’entraider, de réfléchir en commun. Mano s’est construite en espérant briser le système, mais elle a fini par trouver sa place dans cet environnement où elle a posé sa caravane. Aujourd’hui une femme la cherche au village. C’est forcément Axelle. En 1995 elles vivaient dans un squat avec leurs compagnons. Ils avaient tous un motif pour se révolter. Contre leurs parents, les exploiteurs, l’injustice, contre le racisme, parce qu’un grand-père avait été jeté par les flics dans la Seine en 1961. Ensemble ils et elles voulaient aller plus loin que les bastons avec le Gud, le groupement d’étudiants d’extrême droite. Ce fut d’abord une première action violente pour punir le salaud de patron qui avait viré Mano en refilant son emploi à quelqu’un de plus présentable. Puis le groupe se radicalisa. Avec un flingue on peut tout faire y compris tuer un flic sans l’avoir programmé. Et c’est sur Axelle que cela tomba. Elle avait dix-neuf ans et de nombreuses années de prison devant elle.
Mano et Axelle s’aiment sans que les autres en aient conscience
Bouleversant ce roman noir qui semble puiser ces racines dans le néo-polar des années soixante-dix, quand Manchette, Jonquet et Marc Villard mettaient en scène l’exaltation de marginaux en proie à la révolte. Si Nos armes se rattache à ce courant littéraire, il offre bien plus. Certes Mano, Axelle, et leurs amis ont vu à l’œuvre les Fractions armées rouges en Allemagne, les Brigades rouges en Italie et Action directe en France. Mais leur histoire et d’abord celle de l’amitié entre des jeunes gens et de l’amour entre deux femmes. Mano et Axelle s’aiment sans que les autres en aient conscience, et le destin tragique va les séparer. Il envoie Axelle en prison, un milieu abominable, peut-être encore plus pour les femmes que pour les hommes. Certes elles se battent moins entre elles, mais elles sont de fait privées de visites. Axelle est harcelée par les matonnes, traitée de « pute à nègres », oubliée par ses parents, privée de bibliothèque une des rares activités à laquelle elle a accès. Dehors la vie poursuit son cours. Le G8 de Gênes et la zad de Notre-Dame-des-Landes attestent que les combats ne sont pas finis. Mano refait sa vie tout en attendant Axelle, mais bien des surprises les attendent encore. Le récit construit à plusieurs voix et sur plusieurs époques est magnifique, pourvu que l’on accepte de naviguer entre l’espoir et l’envie de pleurer.
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