Gérard prend douze ans au grand désespoir de sa sœur Nicole. Juste ce qu’avait demandé l’avocat général. Autant dire que la plaidoirie de son avocate Alice Keridreux n’a servi à rien. Place au dossier suivant, celui de Lisa Charvet. La vingtaine, elle est ressortie de son premier procès avec une condamnation de dix ans pour son violeur. Marco Lange avait tout nié, il avait trente-deux ans au moment des faits, elle quinze. L’appel est prévu dans quatre mois et Lisa voudrait cette fois être défendue par une femme. Si elle accepte Alice plaidera contre son confrère Théry, son ancien patron. Quand Lisa avait quinze ans ses parents étaient encore ensemble. Ils semblaient privilégier leur aînée Solène qui brillait dans les études ce dont Lisa était incapable. Ils ont ensuite divorcé et ils ne sont pas d’accord sur le changement d’avocat. Avant le premier procès l’enquête de personnalité de Marco Lange avait été d’une effroyable banalité. Placé en foyer, échecs scolaires à répétition, refusé par l’armée, souvent rejeté par les femmes, a aussi essayé les hommes. À l’époque des faits Lange effectuait des travaux chez les parents de Lisa. Ce sont ses professeurs qui ont repéré les changements de comportement de la collégienne. C’est à eux qu’elle a parlé du viol. À quinze ans Lisa se détestait. Ce n’était pas facile d’avoir eu des seins plus tôt que les autres, d’être devenue la salope du collège.
La petite menteuse est donc plus ou autre chose qu’un thriller
Ça sent le vécu et c’est normal, Pascale Robert-Diard tient depuis vingt ans la chronique judiciaire du Monde. Elle explique d’ailleurs avoir rencontré plusieurs affaires qui l’ont inspirée pour ce livre. Il est officiellement son premier roman mais il n’est probablement pas tellement différent des récits qu’elle a déjà publiés. On ne divulgue pas grand-chose en disant que Lisa a menti. La petite menteuse est plus qu’un thriller. C’est une réflexion sur la vie d’une avocate prise entre deux feux. La défense qu’elle doit à sa cliente, et l’impossibilité pour elle de renvoyer un innocent en prison sachant qu’il y a déjà passé mille cent quatre-vingt-quinze jours. C’est aussi une réflexion pour comprendre comment autant d’adultes ont pu contribuer à une telle catastrophe judiciaire. Ceux de l’Institution des gendarmes aux juges, mais aussi les parents et les professeurs qui ont conforté Lisa dans ses mensonges. Ils étaient de bonne foi même s’il a été plus facile pour eux de croire une gamine paumée que de regarder ce qui se déroulait autour d’eux. Il ne s’agit pas pour Pascale Robert-Diard de remettre en cause le mouvement Mee too ni l’écoute de la parole des femmes. La journaliste et autrice, fine connaisseuse des prétoires, tient juste à réaffirmer que chaque cas doit être examiné isolément. Pascale Robert-Diard s’en sort bien, son roman est passionnant, ses deux personnages principaux Alice et Lisa particulièrement attachants. La petite menteuse est en course pour le Grand prix du roman de l’Académie française, le Goncourt et le prix Interallié. Un indice de plus de la qualité de ce roman ?
Qu’en dit Bibliosurf ?
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