Si vous cherchez de bonnes raisons pour vivre à la campagne passez votre chemin. Parce que la vie du village que nous raconte avec brio Jean-Christophe Tixier est noire, très noire. On s’y déchire en sous-main depuis des lustres, quand les habitants constatent que l’État a fait peindre au sol une ligne blanche qui sépare la petite communauté en deux. Une partition qui correspond à celle des deux principales familles du bourg, les Wasner et les Polora. Et qui va faire éclater la très superficielle quiétude des lieux. Les Wasner sont ici les historiques, les Polora étant arrivés il y a quelques dizaines d’années. Ils ont travaillé dur dans leur épicerie pour se faire accepter, mais il a fallu attendre la seconde génération pour qu’ils y parviennent. Ils ont aussi dû accepter d’habiter loin des autres, sur les terres dont personne ne voulait. Des trois frères Polora a émergé Jacques, celui qui a développé sa station-service, et qui veut achever son ascension sociale en détrônant à la mairie le vieux Patrick Wasner. L’apparition de la ligne, et les deux morts qu’elle va générer, s’apprête à lui en donner l’occasion.
Philippe Polora, le quinqua qui tient le café du village, constitue un point d’équilibre
Difficile de lâcher ce roman tant on s’attache à ses personnages. La force de Jean-Christophe Tixier est d’avoir évité l’affrontement des bons et des méchants. On travaille aussi dur d’un côté que de l’autre, et les clans ne sont pas monolithiques. On trouve des deux côtés des ambitieux, des personnes qui ne demandent qu’à vivre tranquillement, des secrets de famille bien cachés, et des gens attentifs aux douleurs qui les entourent. Au milieu de tous ces conflits Philippe Polora, le quinqua qui tient le café du village, constitue un point d’équilibre. Parce qu’il est au contact de l’ensemble de la population, il est le plus ouvert, le plus atypique, étant capable de s’intéresser aux livres tout en fumant de l’herbe. Alors Philippe n’hésite pas à s’opposer à Jacques. Mais que peut-il arriver de bon quand les enfants des deux clans perpétuent les haines parentales et que la peur du voisin est entretenue par le représentant de l’État ? Ce roman composé de courts chapitres, tous consacrés à un personnage, est une bien belle réussite.
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