Le 11 février 1367 Antonin et Robert deux frères dominicains du monastère de Verfeil font route vers Toulouse. Antonin est un gosse de riche et il sait lire au contraire de Robert à qui son père avait dit qu’il serait bon à Dieu parce qu’il n’était bon à rien. Le prieur Guillaume les a choisis pour aller chercher du parchemin dont il a besoin pour ce qu’il doit écrire. Et ça doit être important pour qu’un homme aussi économe leur confie trente-cinq écus d’or à échanger contre du vélin, un produit luxueux exclusivement fabriqué avec de la peau de veaux mort-nés. Ils devront ensuite acheter des plumes et des noix de galle qui servent à confectionner l’encre. Dans la Ville rose le chantier de la cathédrale Saint-Étienne débute à peine, il faudra un siècle à l’édifice pour sortir de terre. Les quartiers plus au sud sont déjà ceux des commerçants où les moines sont mal accueillis car suspectés de nuire aux affaires. La période est compliquée depuis que la peste arrivée vingt années plus tôt a tué un tiers des Européens. Se déplacer à Toulouse n’est de toute façon pas de tout repos car la ville est aussi celle des lépreux. Pire encore elle est également celle de l’Inquisition. Et que peut faire un simple moine quand elle lui tombe dessus comme cela arrive au frère Robert ?
C’est ainsi que le mal monstrueux se répandra vers l’ouest
Grasset l’éditeur d’Antoine Sénanque présente Croix de cendre comme « Un texte exceptionnel, tout à la fois roman d’aventures, fresque historique, étude théologique et policier médiéval ». C’est effectivement un peu tout cela à la fois. Croix de cendre vous fait voyager dans le temps et dans l’espace. Le périple débute en 1348 quand la peste surgit avec les assauts des Tartares contre un comptoir génois de Crimée. Les soldats d’Asie centrale n’auront pas le dernier mot puisqu’ils ne prendront pas le site, mais ils y laisseront leurs morts déjà atteints par l’épidémie. C’est ainsi que le mal monstrueux se répandra vers l’ouest. Par la mer jusqu’à Marseille mais aussi par la terre en longeant le Danube. Le livre se termine vingt années après avec le dénouement de sa trame policière. Entre-temps on aura découvert des lieux toulousains qui existent encore aujourd’hui, la rue des Filatiers, le quartier des Carmes, l’île du Ramier, le Bazacle. On aura voyagé jusqu’au lac d’Issyk-Koul actuellement au Kirghizistan, mais surtout en Allemagne sur les pas du théologien dominicain Eckhart dont l’enseignement est continuellement contesté, notamment par l’Inquisiteur Louis de Charnes. L’affrontement des deux hommes qui a débuté à la Sorbonne ne prendra fin qu’à leur mort. Rien d’autre n’aurait pu l’arrêter, et surtout pas les arguments théologiques. Mais l’époque s’y prêtait. Peu importaient les morts et les souffrances qu’ils suscitaient.
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